BOUTS Dirk - Le Chemin du ciel ; La Chute des damnés
Les deux volets étudiés ici, longtemps séparés, ne sont réunis à Lille que depuis un peu moins d’un demi-siècle. Leur appartenance à un même ensemble démembré est cependant reconnue depuis longtemps. En dépit des publications anciennes, qui donnaient comme provenance à ce volet l’abbaye de Tongerlo, hypothèse reprise plus récemment par Albert Chatelet, l’idée s’est peu à peu imposée de mettre en rapport les deux panneaux avec les documents relatifs à un Jugement Dernier commandé à Bouts en 1468 pour l’hôtel de ville de Louvain en même temps que les deux panneaux de la Justice de l’empereur Othon (Bruxelles, Musée d’Art ancien), livré l’année suivante, mentionné pour la dernière fois en 1713 dans les sources locales. Cette identification est confortée en premier lieu par un Jugement Dernier sur toile du début du 16e siècle (Munich, Alte Pinakothek) dont les extrémités gauche et droite sont manifestement copiées sur nos deux panneaux, qui auraient été en ce cas les deux volets d’un triptyque. Le Chemin du ciel, seul des deux à avoir conservé son cadre d’origine, montre sur son bord droit des traces de charnières attestant qu’il constituait le volet gauche de l’ensemble. Un Buste du Christ conservé à Stockholm serait quant à lui un fragment du Christ juge du panneau central. Notons que les deux publications les plus récentes prennent chacune parti pour l’une de ces deux hypothèses, le catalogue de l’exposition de Louvain (notice par Rita Van Dooren et Hilde Claes) considérant comme acquise l’identification des deux volets de Lille avec la commande pour l’hôtel de ville. Pascale Charron dans l’ouvrage Les primitifs flamands et leur temps reprend à son compte les doutes d’Albert Châtelet, fondés en particulier sur la dimension des planches spécifiée dans les documents, et récuse cette provenance. L’analyse stylistique quant à elle ne permet pas de situer les volets de Lille de façon indiscutable dans la carrière de Bouts. Pascale Charron souligne avec justesse les affinités de l’ensemble avec l’oeuvre de van Eyck.
Alexis Donetzkoff