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Numéro d'inventaire : 
001.4.1

Domaine : 
Ecole : 
Technique et matériaux : 
Dimensions : 
l. 22,2 ; H. 16,7 (Sans cadre) ; l. 30,5 ; H. 24,7 ; P. 4,6 (Avec cadre)

Représentation : 
Fidèle au texte dans l’esprit, Anne-Louis Girodet représente, dans un paysage idyllique, un personnage barbu (récurrent dans la suite des dessins), la tête couronnée de roses, cette reine des fleurs qui, lit-on dans l’Ode V, “charme les immortels eux-mêmes et fait les délices de l’Olype”. Etendu sur une draperie rouge, “propre aux doux mystères”, dans une attitude proche de celle d’Endymion, il tend négligemment le bras gauche pour recevoir ce “vin parfumé” que lui verse un jeune homme, serviteur de Bacchus peut-être. La couleur du brreuvage est aussi vive que celle de la couche sur laquelle il repose. Mais il s’en détourne, son attention uniquement portée vers la “beauté voluptueuse” qui s’abandonne avec largueur, occupée par des songes plus doux que ceux qui habitent Didon dans l’Enéide. Enfin autre personnage de prremier plan, un amour dévoile la scène et son intimité, introduisant, par son mouvement et le flottement aérien des draperies évanescentes, l’unique élément dynamique de la compositiion, construite sur une diagonale ascendante, qu’il ponctue et module en écho.

Lieu de conservation : 
Intérêt / commentaires : 
Adaptant sa technique picturale au sujet et à la composition, Anne-Louis Girodet éclaircit sa palette et l’allège de bas en haut et de gauche à droite de la composition. L’axe inscrit par le corps de l’homme étendu constitue en quelue sorte une frontière virtuelle mais aussi un passage couronné de roses entre le terrestre des verts, marrons, rouges, ocres et le céleste des gris colorés, blancs et bleus, entre la matérialité de la vie et ses plaisirs. De même tout est suggestion dans le traitement pictural adopté par l’artiste. Délimités, les corps ne sont pas cernés avec précision, ni les physionomies détaillées dans leur individualité. La peau de léopard est évoquée plus que représentée. La draperie rouge demeure mouvante. Nous ne sommes pas ici devant une scène fixée pour l’éternité mais témoins d’un instant saisi dans sa fulgurance, dans sa vibration. Là, se discerne, sans nul doute, l’esprit romantique d’Anne-Louis Girodet, l’élève de David.

La poésie lyrique et amoureuse d’Anacréon, auteur grec du VIème siècle avant J.-C., inspira particulièrement Girodet. Celle qui suscita ce tableau dénonce la vanité de l’argent. Sa morale est ainsi formulée par le peintre : “Oui si la mort est inévitable, l’or devient inutile. Que désormais mes soins se bornent à boire un vin parfumé, à table avec mes amis ; ou, couché sur un lit propice aux doux mystères, à presser dans mes bras une beauté voluptueuse”. L’épicurisme anacréontique correspond bien à celui professé par l’artiste dans ses lettres lorsqu’il se repose sur ses terres montargoises. Cette philosophie somme toute assez primaire (qui peut se résumer en deux mots : du vin et des femmes...) est néanmoins illustrée de manière savante et précieuse dans l’oeuvre. Un travail sur le coloris, les draperies, l’harmonie des corps et la géométrie de la composition (les diagonales de l’oeuvre se croisent au niveau des seins de la jeune fille) y est associé à l’évocation d’un paysage idéalisé, inspiré de l’Italie. La peinture est un bon exemple de recomposition en atelier d’une illustration inspirée par un séjour champêtre propice aux lectures poétiques.

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