De l’habitude de faire la guerre, les souverains et les princes se sont attachés les services des historiographes et des artistes, surtout les peintres, afin de rendre compte des combats menés par leurs armées. Leur mission consistait essentiellement à figurer les faits glorieux et les victoires plutôt que les déboires et les défaites. Les représentations ainsi réalisées ne sont aucunement les témoignages impartiaux des campagnes militaires menées, leur intention étant corrompue par le projet même de la commande reçue. Destinées à la séduction et à l’éducation des foules, ces œuvres donnant une vision favorable de la guerre sont utilisées comme moyen de propagande qui célèbrent le pouvoir en place.

Au cours des époques modernes et contemporaines, le réveil des états-nations et de l’expansionnisme a provoqué une montée en puissance des conflits. Les victoires de Louis XIV sont mises en scène dans le cadre d’un art officiel magistral auquel sont associées de grands artistes comme Charles Le Brun. Le tableau représentant Le Passage du Pô, menée par le maréchal de Maillebois, sous Louis XV, s’inscrit dans cette tradition. Il présente un vaste panorama, quasi topographique du champ de bataille, permettant ainsi d’observer les différentes phases des affrontements ainsi que les mouvements des troupes. Au premier plan, se détachent, de la mêlée des armées, les princes et généraux victorieux qui ont dirigé les opérations.

Au XIXe siècle, une abondante iconographie glorifie les guerres napoléoniennes. Les peintres français comme Jean-Antoine Gros, Jacques-Louis David ou encore Anne-Louis Girodet avec La Révolte du Caire (estampe, musée Girodet, Montargis) représentent les hauts faits avec une intention sublimée, savamment orchestrée par le pouvoir impérial. Grâce à la vision proposée par Horace Vernet dans son tableau représentant la bataille d’Arcole (estampe, musée George Sand, La Châtre), le public ne retient de l’épisode militaire que la tentative de Bonaparte pour franchir le pont alors que d’autres généraux se sont également illustrés à cette occasion.

Au XVIIe et XVIIIe siècle, la représentation allégorique de la Victoire, reprise de l’iconographie gréco-romaine, est fréquemment figurée aux côtés des princes triomphants. Personnage féminin ailé, portant rameaux, couronnes de laurier et palmes, elle apparaît dans le portrait de Armand-Jean Wignerod du Plessis par Charles de La Fosse, vers 1670 (musée des Beaux-Arts, Tours) et dans l’allégorie de la Bataille d’Almança peinte par Henri de Favanne, en 1714 (musée des Beaux-Arts, Tours) couronnant Louis XV, afin de magnifier les succès militaires en apportant un caractère universel à chacun d'eux. Sous le Premier Empire, la victoire prend un souffle épique jamais vu auparavant. Dans sa composition, Ossian recevant dans l’Elysée les héros français (estampe, musée Girodet, Montargis), Girodet glorifie, dans une représentation à l'inflexion surnaturelle, les généraux français morts pour leur patrie. Une personnification de la Victoire survole le groupe des héros, tenant d’une main un bouquet de palmes et de l’autre le caducée symbole de la Paix.