Les jeux guerriers sont présents depuis l’Antiquité, autant pour la préparation au combat que pour le divertissement. Ainsi les nobles et les princes étaient préparés au combat dès leur plus jeune âge. A partir de l’époque napoléonienne, puis avec l’industrialisation, les jouets militaires font leur apparition en grand nombre (soldats de plomb, fusils…) et sont représentatifs d’une période historique : le conflit entre Prussiens et Français en 1870, la Grande Guerre puis la Seconde Guerre mondiale…

Au milieu du XIXe siècle, l’enfant devient un enjeu politique et pédagogique. L’Europe connait une véritable explosion de jeux et de jouets patriotiques et guerriers pendant la Grande Guerre. L’enfant est donc intégré et investi dans la guerre qui éclate. Le jeu permet de se divertir dans un quotidien incertain et traumatisant. Il pose les règles du jeu, le situe dans un environnement et une période précis. Il prépare aussi à la réalité, développe des aptitudes de réflexion et de socialisation. Il enseigne aux jeunes enfants le risque, apprend à s’exposer avec vaillance et favorise le dépassement de soi et de ses possibilités Le jouet est en raccourci un reflet de la société.

On assiste à une grande diversité des jouets et jeux de guerre : jeux de rôle, géostratégique, d’adresse, déguisement, … tous sont porteurs d’un message patriotique qui donne sens au conflit et le justifie auprès des enfants. Il y a eu une claire diffusion d’une culture et d’un discours de guerre par les jeux et jouets.

Dans les jouets présents dans cette exposition, les antagonistes sont déterminés par le contexte historique. Il s’agit de jouets s’inspirant de guerres réelles, ayant une concomitance avec leur quotidien. Quatre d’entre eux sont compris dans un contexte spécifique. Ils illustrent tour à tour la monarchie de juillet, la première Guerre Mondiale ou les guerres de manière générale. Les deux Mayeux sont contemporains de la monarchie de Juillet sous Louis-Philippe ; ils ne vont pas initier à l’art de la guerre mais dépeindre les bourgeois comme des personnages difformes et ridicules, mais patriotes, revêtus de l’habit de soldat. Le Kamerad prend tous sont sens lorsqu’il est mis dans le contexte de la première Guerre Mondiale ; il initie les enfants à l’art du combat d’une manière ludique par le biais d’un jeu de société. Les soldats de plombs ou Toy soldiers font appel eux à l’esprit de stratégie liée aux combats.

De nos jours, on se questionne sur la portée de ces jouets qui pourraient prédisposer à la violence ou être une sorte de catharsis pour les enfants.

Laurence de Lamaestre, musées de la ville de Bourges