Vaste sujet allant du gourdin à la “bombe H” et dont, ni l’un, ni l’autre, ne semble conservé dans les collections des musées de la région Centre ! Les limites les plus anciennes étant par ailleurs bien difficiles à poser tant il est vrai qu’une hache d’essartage préhistorique a pu se transformer en un puissant projectile ou assommoir pour protéger ledit espace défriché… La flèche, la lance et le fusil ont été utilisés pour tuer, autant des animaux que des hommes. À l’image du limier-flaireur se faisant piquer la truffe par un hérisson, sitôt qu’une arme était élaborée, sa parade était trouvée ; l’escalade dans la recherche du plus astucieux, voire du plus sordide système était lancée.

L’Histoire est un long déroulé de dates où le cliquetis des armes résonne encore à nos oreilles et personne n’a oublié les planches écolières montrant 732 (victoire de Charles Martel à Poitiers), 1356 (victoire anglaise à Poitiers) ou 1515 (Victoire de François Ier à Marignan)… C’est entre ces jalons qu’il nous faut rechercher quelques joies, un couronnement, le collier d’épaule et les grandes découvertes… Même l’histoire de la famille royale commence avec des conflits successoraux pour finir entre les piques et sous la guillotine ! Qui sait replacer chronologiquement les écrits d’Hildegarde de Bingen, les miniatures de Pol de Limbourg ou les machines de William Lee ; alors que nous connaissons mieux Godefroy de Bouillon levant son épée sur les remparts de Jérusalem, Bertrand du Guesclin ranimé dans la chaleur d’un tas de fumier, le prince Noir et son armure, Joachim Murat au panache d’Austerlitz ou Philippe Leclerc de Hauteclocque entrant dans Paris libérée avec ses blindés. Autour de ces personnages, les armes et les tactiques ont fait les guerres, aujourd’hui la guerre devient une arme à part entière…

Les grands conflits ont des noms : les Thermopyles, avec pas moins de cinq batailles de l’Antiquité à la Seconde Guerre mondiale, ont vu toutes les avancées technologiques des armées. La guerre de Cent Ans, qui dura bien plus, a été marquée par la suprématie des "longbows" (arcs) anglais ; celle de Trente Ans et ses canons mobiles, la Grande guerre et ses innovations multiples allant du canon dit de 105 à l’aviation, la Drôle de guerre où la suprématie technique l’emporta sur le nombre, etc. De même, gomme-t-on des événements guerriers derrière des noms choisis : les guerres d’Italie noient la défaite de Pavie dans la Renaissance artistique et la campagne française d’Égypte devient une mission scientifique…

Les conflits les plus effroyables ont souvent, voire toujours, généré des inventions et des avancées techniques pertinentes : les boucliers Vikings sont de très efficaces merlons sur le haut des flancs des navires ; les catapultes obligent les architectes à redessiner la forme même des tours des châteaux et à épaissir les remparts ; les traits de flèches anglaises de la guerre de Cent Ans condamnent durablement les forgerons au travail en série et ouvrent la voie à la multiplicité des tranchants. Citons encore les bombardes, les couleuvrines, les canons roulants, les tirs rasants qui font s'enterrer les châteaux et gonfler leurs parements. Les Half-tracks et autres chars n’étant que l’évolution du cheval caparaçonné portant son prince en armure…

Justement, que dire de ces plates d’armures qui, de protectrices, deviendront décoratives, pour finir dans les angles des salles d’armes comme témoignages des gloires passées. La guerre verticale des châteaux assiégés et leurs échelles improbables, se transforme peu à peu en un piétinement horizontal que magnifient les épopées napoléoniennes. Dans la fumée des poudres, voire des gaz, les épées d’autrefois deviennent des baïonnettes acérées au canon des fusils et dont l’ultime subtilité (section cruciforme) était de faire mourir par hémorragie dans la suite du coup et non plus sur le coup…

Bien sûr, les musées de la région Centre ne renferment pas tous les types d’armement utilisés par les hommes, ils ne sont que le reflet de leurs dons, parfois de leurs achats et, par certains côtés, des modes. Tous les musées n’ont pas le même statut et les liens qu’ils tissent autour de notre site Internet sont variés ; aussi, pour en savoir plus sur les armes, leurs évolutions et leurs utilisations, n’hésitez pas à pousser la porte de lieux aussi discrets que la maison de la pierre à fusils, des centres de mémoires et de la résistance, des musées militaires et, au premier d’entres-eux, celui du train et du matériel à Bourges.

Pour en finir avec ces quelques traits autour de ce véritable sujet encyclopédique, il n'est pas sûr non plus que les musées ne conservent quelques virtuels boutons d’une certaine guerre écrite par Louis Pergaud, c’est dommage ; mais il y a fort à parier que tous les silex, tableaux, dagues, éperons, hallebardes, canons et autres chargeurs décorés des temps anciens ne fassent “guère” le poids au côté des nouveaux boutons de commande des armes sophistiquées et électroniques des conflits en cours ou futurs ! Armes qu’il nous faudra bien inventorier un jour. Sous réserves !