La photographie a représenté un phénomène considérable dans la vie des gens en démocratisant l’accès au portrait dans la seconde moitié du XIXe siècle. L’art du portrait n’est plus l’apanage de l’aristocratie ou de la bourgeoisie. Chacun a maintenant la possibilité de démultiplier son image à bon marché et de se rendre chez un photographe ; à Paris dans les années 1860, Nadar, Disdéri acquièrent une grande notoriété ; mais les ateliers se multiplient en province également. Finies les longues séances de pause, comme chez le peintre, une seule séance de prise de vue suffit. On conserve cependant la mise en scène, le choix du décor et on attribue un grand soin à la pose, à l’expression et à l’environnement. On vient en famille, en habits du dimanche, à l’occasion d’un mariage ou d’une communion, toutes classes sociales confondues. Outre sa rapidité et son prix, le grand avantage de la photographie est de rendre possible la reproduction et le tirage en de nombreux exemplaires, que l’on expédiera ensuite à ses proches ; les portraits carte seront très en vogue jusqu’au début du XXe siècle. L’emploi de format régulier permet la constitution d’albums que l’on se
transmet en famille.

Le portrait photographique a tout de suite couvert tous les champs du portrait traditionnel : officiel, intime, familial, posthume, de groupe…Les personnalités s’en servent pour véhiculer leur image, donnant naissance à une cartomania importante : on collectionne, on échange les portraits « carte de visite » d’écrivains, d’artistes, de familles royales pour les coller dans des albums ! George Sand, par exemple, commande régulièrement à l’atelier de Nadar, des retirages de ses portraits pour dédicacer à ses amis ou admirateurs !

Certains peintres utiliseront la photo pour éviter les longues séances de pose à leur modèle ; c’est ainsi que travaillaient au sein de l’atelier Nadar des peintres, portraiturant à l’huile, comme Vieusseux qui réalisa le portrait de George Sand, de Gustave Eiffel….

Progressivement, avec le développement du matériel, le portrait professionnel va s’effacer devant la photographie familiale amateur.

A coté de cette vulgarisation du portrait et de l’industrialisation de la photographie, certains
photographes, dès les années 1890, font du portrait photographique un art à part entière : ils
rivalisent avec la peinture utilisant différentes techniques : retouches de négatifs, création d’effets particuliers…

L’émergence de la photographie a révolutionné l’art du portrait peint ; mais loin de disparaître, le portrait s’est engagé dès la fin du XIXe, sur de nouvelles voies quelque soit la technique utilisée.