Pas de jardin sans eau : cette dernière y joue à la fois le rôle d’élément nourricier et de composante mobile de l’espace. Les progrès constants accomplis au fil des siècles par l’architecture hydraulique, chargée d’acheminer l’eau et de la distribuer, rendent compte de l’évolution historique de l’art des jardins : chaque époque est parvenue à tirer profit de ses connaissances scientifiques pour magnifier ses espaces de verdure. Qu’on songe ainsi aux parcs royaux de Mésopotamie alimentés par des aqueducs et irrigués par des canaux dans un environnement plutôt aride. A Rome, sous l’influence hellénistique, le jardin devient une composante obligée de la demeure urbaine et tous les moyens sont bons - bassins, fontaines, nymphées… - pour rafraîchir les lieux.

Mais c’est véritablement dans l’Italie moderne que la mise en scène de l’eau dans les jardins prend de l’ampleur sous forme de compositions monumentales et de jaillissements obéissant à une esthétique de la « nature artificielle ». Les jardins princiers européens des XVIIe et XVIIIe siècles intensifieront cette monumentalisation de l’élément aquatique en privilégiant les grandes pièces d’eau immobiles et les fontaines très architecturées, avant que ne s’affirme au siècle suivant une nouvelle esthétique romantique prônant un retour au « naturel »… aménagé de façon artificielle !

De nos jours, l’art des jardins s’affirme avant tout par son souci d’économiser l’eau et l’on peut souligner l’apparition de « jardins secs » employant des végétaux résistant à la sécheresse et ne nécessitant aucune irrigation.