Après une enfance en Berry, élevé par ses grands-parents, simples paysans, Estève vit et travaille à Paris jusqu'en 1995, à l'exception de l'année 1923 passée à Barcelone pour diriger à moins de vingt ans un atelier de broderie de châles.

Cet épisode en Espagne lui permet de découvrir l'art roman de Catalogne mais aussi de faire des rencontres qui le confortent dans ses réflexions sur la pensée révolutionnaire anarchiste.

Estève est un autodidacte, curieux, grand lecteur, d'une culture encyclopédique. Peintre précoce et particulièrement doué, il ne s'abandonne jamais à la facilité cherchant des réponses à son questionnement de créateur dans l'étude des tableaux des Anciens : Fouquet, Uccello, Poussin et aussi Cézanne. Passionné par son art, il consacre toute sa vie à la peinture. Sa production n'est pourtant pas très importante, moins de mille peintures à l'huile, chacune étant élaborée lors de séances de travail courtes et espacées souvent sur plusieurs années.

Sa réticence à accepter des propositions d'expositions lui a valu la réputation d'un peintre de caractère difficile et secret. Son œuvre est tardivement révélé au public alors que, dès ses débuts, des peintres tels que Bonnard, Delaunay, Matisse ou Picasso connaissaient son œuvre et en ont exprimé l'intérêt.

En 1985, l'artiste et de son épouse font à la Ville de Bourges une donation de 125 œuvres ; cette donation précède une importante rétrospective organisée par la Réunion des Musées Nationaux dans les galeries nationales du Grand Palais à Paris, sous la direction de Jean Leymarie. Le grand public peut alors découvrir l'œuvre de ce créateur de tradition française, paradoxalement plus connu dans les pays nordiques. Le musée Estève, ouvert à Bourges depuis 1987, aide dorénavant à une connaissance approfondie de son œuvre qui permet de le démarquer de l'étiquette de peintre des années 50 de l'Ecole de Paris.

En 2001, Estève décède dans son village natal de Culan où il repose désormais.

Monique Prudhomme-Estève