Albrecht Dürer
Nuremberg, 1471 - 1528
La petite Passion sur cuivre
1507-1513
En 1507, à son retour d’Italie, Dürer entreprend la réalisation d’une nouvelle série, la Passion sur cuivre qu’il achèvera en 1513. Il mènera ce projet simultanément avec La Grande Passion sur bois (1497-1511) et La Petite Passion sur bois (1509-1510). Les seize feuilles de la Passion sur cuivre sont datées, révélant que Dürer ne les a pas exécutées dans l’ordre chronologique du récit.
Réalisée dans un style raffiné et élégant, cette série a été publiée sans texte explicatif contrairement à La Petite Passion sur bois. L’une des hypothèses serait qu’elle ait été plus destinée à la délectation des connaisseurs qu’à la piété des dévots. En effet, ces planches, jamais publiées sous forme de livre, ont souvent été reliées entre elles au 16e siècle. L’une de ces reliures porte les armes de Frédéric le Sage, électeur de Saxe, l’un des premiers et plus fidèles mécènes de Dürer.
Dans chaque scène de la série, Dürer conçoit sa composition jusque dans les moindres détails. La construction scénographique est élaborée avec soin, le graveur utilisant tout un échantillon de lignes parallèles, de croisillons et de pointillés pour mettre en place son décor et en restituer la diversité des matériaux. Grâce à une utilisation efficace du clair-obscur, il met l’accent sur l’atmosphère dramatique de chacune des scènes. Dürer apporte une attention particulière aux détails des physionomies, des chevelures, des vêtements qu’il restitue avec raffinement et habileté. Il en est ainsi du visage de saint Jean, caché par les mèches de ses cheveux qui retombent dans la scène de la Déploration, ou du vêtement en poils de chameau porté par Jean-Baptiste dans la Descente aux Limbes.