Musée de Sologne
la vigne
Allégorie de l’automne, mais bien plus encore…
L’intérêt décoratif du pampre n’est pas la principale raison du choix de cet ornement : au travers du fruit, il faut y voir la propriété viticole et naturellement le vin. La répartition géographique des décors liés à la vigne suit assez fidèlement celle des grandes régions vinicoles, notamment les productrices de champagne.
Autour de 1900, quelques viniculteurs en pleine réussite professionnelle construisent de nouvelles caves, de nouveaux magasins ou bureaux de vente ornés de manière moderne en offrant la part belle à la céramique architecturale décorative, alors très en vogue.
S’il est assez simple de découvrir l’histoire d’un cellier lorsque le propriétaire y a apposé son patronyme ou le nom de sa société, il est plus difficile d’affirmer la présence ancienne d’un vigneron ou d’un négociant en découvrant un motif de raisin et feuilles de vigne sur une demeure plus simple et anonyme.
Cependant, lorsque le décor prend place sur un panneau de belle taille dépassant la frise traditionnelle, la supposition est permise.
Voilà plus d’un siècle, sans être réputée pour son vin, la région parisienne possédait une multitude de petites vignes, parfois seulement réservées à la consommation personnelle du cultivateur ou du maraicher, mais dont il pouvait aussi faire commerce.
L’intérieur des débits de boisson était aussi l’endroit bienvenu pour célébrer le raisin. Raisin rouge à Bordeaux, ou champagne près de la gare de l’Est à Paris pour l’arrivée des voyageurs, et certainement beaucoup de découvertes à faire encore en régions. Le raisin à grappiller pour le plaisir immédiat semble plus rarement célébré et se trouve accompagné d’autres fruits de saison, sur les halles comme celles de Limoges.
Etaient-ils vignerons, négociants en vin, ou adorateur de Bacchus ?
Le choix d’un décor n’est pas le fruit du hasard, le propriétaire y met une intention liée à sa profession, ses attaches familiales, son lieu de vie ou ses goûts, sans doute en lien avec la convivialité. Sur carreaux de faïence ou en relief, chaque céramiste a donné sa version du fruit, révélatrice de leur style du moment. Les faïenceries de Sarreguemines, Digoin & Vitry-le-François ont eu un franc succès avec leur « frise vigne en émaux cernés grand feu ». Elle est repérable dans plusieurs régions françaises, mais semble a priori absente des bords de mer où la vigne n’est pas cultivée.
La faïencerie Boulenger & Cie propose également une frise mettant en scène le raisin, décorée selon la technique des émaux multicolores cloisonnés. Gentil & Bourdet à Boulogne-Billancourt ont largement décliné ces fruits et feuilles ; leurs modèles se faisaient « couramment en grès sans émail ou émaillé vert, bleu gris verdâtre, jaune rougeâtre ».
MARY Françoise
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- élément d'ensemble (poêle ) (68,74 ko)© BROSSIER-DUCLOS Julie