Musée Charles VII - Mehun-sur-Yèvre (18)
Mehun et les recherches urbaines de 1998
Le fossé de la cité : des recherches fructueuses,
Devant la démolition de divers bâtiments (ancienne distillerie abandonnée) en prévision de l’aménagement d’un jardin et d’un passage piéton entre deux quartiers, amène le Service Régional de l’Archéologie à autoriser le Groupe Historique et Archéologique de la région de Mehun-sur-Yèvre, partenaire du musée, à pratiquer un large sondage préventif au cœur même de la cité de Mehun. Ainsi, en 1998 et pour la première fois dans la ville, s’ouvre une fouille qui allait révéler la richesse de la zone urbaine ; plus particulièrement le comblement du fossé de la seconde enceinte. Ce rempart, haut de plus de huit mètres, comprend encore aujourd’hui la porte de l’horloge et quelques tours, il dessine toujours dans le paysage la plupart des parcellaires et est datable du premier quart du XIIIe siècle.
Rapidement, le profond fossé qui complétait ce dispositif défensif est rapidement utilisé comme dépotoir, puis totalement comblé à partir des XVe et XVIe siècles, dates de l’achèvement de la troisième enceinte urbaine. Ces recherches ont été fructueuses. Elles ont permis de mieux cerner l’installation des défenses et de leurs dispositifs annexes, de comprendre les liens entre l’intérieur et l’extérieur de la cité et de comparer le mobilier mis au jour avec les données historiques connues sur ce quartier. De toute évidence, nous étions derrière une auberge et une maison canoniale : la fouille a révélé, d’une part, une grande quantité de céramique et plus particulièrement des lèches-frites et des “pintes” et, d’autre part, du mobilier quotidien et “administratif” comme un collier d’apparat, des matrices de sceaux, des monnaies, des épingles ou des breloques décoratives.
Le plus remarquable reste certainement un fragment de couverture de manuscrit ou de retable portatif en os ciselé à la manière des “Embriachi” représentant un ange aux ailes dorées, de toute évidence Gabriel en génuflexion devant la Vierge Marie (non retrouvée). Cette très petite plaquette, datable du premier quart du xve siècle est devenue l’une des pièces majeures du musée (999.8.298). Elle complète les découvertes castrales, montre les liens étroits qui existaient entre le château et la ville et a été, par deux fois, exposée au Louvre, lors d’expositions temporaires ayant trait au duc de Berry, prince des bibliophiles et au roi Charles VI.
Philippe Bon