Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie
Le rayonnement de la verrerie d’Orléans
Les atouts d’Orléans
Le choix de l’installation à Orléans s’explique par différents facteurs : une situation géographique permettant un approvisionnement facile en matières premières (bois, sables), la proximité de Paris pour les débouchés, le statut de chef-lieu du duché d’Orléans, apanage du frère du roi, et la localisation dans la sphère d’influence de la verrerie nivernaise de Jean Castellan.
De la réussite d’un migrant
En 1666, Perrot signe un contrat de dix ans avec deux associés : une marquise influente, liée aux milieux alchimistes, et un verrier irlandais, qui lui apportent les capitaux. Leur première entreprise pour réaliser des boules de feu de terre n’aboutit pas et les associés décident de fonder une verrerie grâce au privilège de 1668, qui donne à Perrot l’exclusivité de la mise en œuvre de ses secrets pour vingt-neuf ans.
En 1676, la naturalité française est accordée à Bernardo Perrotto dont le nom est francisé.
Depuis 1671, et encore en 1692, Perrot dispose d’une boutique à Paris, quai de l’Horloge. La verrerie d’Orléans est bien lancée et bientôt les associés de Perrot lui intentent un procès pour leur avoir dissimulé l’état de ses affaires et manqué à ses engagements de redistribution des profits, importants semble-t-il.
Privilèges et protection des grands
L’attrait des cours européennes pour le verre à la façon de Venise, produit d’importation onéreux, incite les souverains à favoriser l’implantation de verriers. En France notamment, les rois encouragent l’installation d’ateliers de production de biens de luxe dans lesquels bien souvent les Italiens excellent. Les gentilshommes verriers se voient ainsi accorder l’exemption des taxes et la qualité de nobles.
La réputation de Perrot est rapidement établie et lui donne accès à la protection du Roi-Soleil comme de son frère Philippe, duc d’Orléans. Un secours lui est accordé par le roi en 1671 à la suite d’un incendie. La même année, Philippe d’Orléans prend la verrerie sous sa protection et lui octroie l’exclusivité complète pour son duché. Toujours grâce à son intervention et celle de Colbert, Perrot évite l’installation d’une verrerie concurrente à Orléans.
La configuration des lieux
Au XVIIe siècle, le quartier de l’église de Notre-Dame de Recouvrance est le théâtre de nouvelles activités économiques où de grandes familles marchandes s’établissent. Perrot installe ses ateliers Grand rue de Recouvrance, quelques maisons plus haut que l’église. Il a été difficile d’établir avec certitude l’emplacement de la verrerie à une maison près jusqu’à 2011 lorsque de gros travaux réalisés au n° 18 ont mis à jour des résidus provenant d’un four de verrier. Leur analyse correspond aux caractéristiques des verres de Perrot.