Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie
Les stucs de Germigny-des-Prés
La fondation de l'oratoire
Théoduphe, évêque d’Orléans, abbé de Saint-Benoît-sur-Loire et proche conseiller de Charlemagne (800 – 814) fait construire sa luxueuse demeure et son oratoire privé au sein du village de Germigny-des-Prés (Loiret). L’oratoire, transformé en église au XIIIème siècle, constitue un témoignage majeur de l’art carolingien.
Le musée d’Histoire et d’Archéologie conserve un exceptionnel corpus de fragments de stuc qui, à l’origine, décoraient l’abside de l’église dans laquelle une mosaïque à fond d’or – la seule mosaïque carolingienne conservée en France – est encore en place. En effet, de hautes niches en cul-de-four étaient séparées par des colonnettes surmontées des chapiteaux en partie exposés au musée. Décorés de rinceaux ou de frises d’entrelacs, ils sont représentatifs de l’art à la cour de Charlemagne ; ce dernier ayant particulièrement développé les contacts commerciaux entre l’Occident et le Levant méditerranéen, les œuvres carolingiennes développent à cette période une iconographie librement inspirée de l’Orient.
Le XIXe siècle : reconstruction et transfert au musée
Les murs intérieurs de l’oratoire carolingien de Germigny-des-Prés étaient couverts d’un riche décor en stuc étroitement associé à la structure architecturale. Les stucs, pourtant bien conservés dans les parties hautes de la tour centrale, ont été détruits en 1868. En effet, afin d'éviter l'effondrement de l'édifice, Juste Lisch, architecte des Monuments historiques, a complètement revu les structures internes de l’oratoire. Lors de cette reconstruction, l’entourage originel des arcs en plein cintre des fenêtres hautes de la tour a été refait à l’identique : rinceau des archivoltes, cannelures de l’intrados des arcs, chapiteaux et colonnes cannelées de l’encadrement. Les éléments originaux, découverts pour la plupart dans des bouchages, ont d'abord été entreposés aux abords de l’église pour être transportés deux ans plus tard à l'Hôtel Cabu - Musée historique et archéologique.
Le trésor en détails
Cet ensemble est constitué de 61 fragments de stuc, décorés ou non, associés à des éléments de pierre, marbre et terre cuite de même provenance, prélevés lors de la rénovation du milieu du XIXe siècle. Ils présentent une homogénéité certaine dans leur fabrication, mais leur état de conservation est diversifié : de mauvaises conditions de stockage avant le dépôt au Musée, une ancienne présentation muséographique (trous de fixation, consolidations du revers avec des matériaux non réversibles, application de patines colorées) ainsi que les bombardements et l'incendie du musée en juin 1940 ont engendré des dégradations parfois irréversibles sur cette collection.
Le stuc de Germigny est composé d’une matrice blanche de plâtre, appliquée en plusieurs couches superposées ce qui est conforme à la tradition médiévale. La majorité des fragments en comporte trois : une couche d’accrochage, une couche médiane et une couche de surface sculptée. Les éléments sont variés : chapiteaux, colonnettes, plaques ornementales, corniches, etc. Certains présentent des éléments de polychromie et montrent toute la richesse de cet ensemble remarquable.
Cette exposition virtuelle a été réalisée avec le soutien technique de Valérie Maillochon, chargée de mission de l'association Musées en Centre-Val de Loire.
Dominique Plancher, responsable des collections Hôtel Cabu, Musée d’histoire et d’archéologie