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Orléans (45)

Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie
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Imprimer des images

Jean-Baptiste Letourmy, Planche d’impression : VUE DE LA PLACE DE GREVE LE JOUR DE LA PRISE DE LA / BASTILLE/ NOUS CEDONS A LAMOUR DE LA LIBERTE (recto), 1789, Hôtel Cabu, A.6186 (recto)
Jean-Baptiste Letourmy, Planche d’impression : VUE DE LA PLACE DE GREVE LE JOUR DE LA PRISE DE LA / BASTILLE/ NOUS CEDONS A LAMOUR DE LA LIBERTE (recto), 1789, Hôtel Cabu, A.6186 (recto)
Jean-Baptiste Letourmy, VUE DE LA PLACE DE GREVE LE JOUR DE LA PRISE DE LA / BASTILLE/ NOUS CEDONS A LAMOUR DE LA LIBERTE (verso), 1789, Hôtel Cabu, A.6186 (verso)
Jean-Baptiste Letourmy, VUE DE LA PLACE DE GREVE LE JOUR DE LA PRISE DE LA / BASTILLE/ NOUS CEDONS A LAMOUR DE LA LIBERTE (verso), 1789, Hôtel Cabu, A.6186 (verso)

À Orléans, comme dans la plupart des centres imagiers de province jusqu’au début du XIXe siècle, la xylogravure est utilisée pour imprimer les images en série. Le graveur choisit une planche de 2 à 3 cm d’épaisseur dans un bois au grain fin et serré (poirier, cerisier ou alisier…) qui permet une taille nette et précise. La planche est sciée longitudinalement dans le sens des fibres : c’est du « bois de fil ». 

Dans un premier temps, le graveur reproduit le dessin sur la planche puis il taille le bois à l’aide d’un couteau ou d’une gouge de manière à ne laisser que les traits en relief, c’est la taille d’épargne. Le bois de fil, oblige le graveur à toujours se conformer au sens du bois. Ainsi, le dessin, les contours, les traits qui figurent les ombres doivent rester simples, nettement définis et ne jamais se croiser en hachures comme le permettent d’autres supports. La planche passe ensuite aux mains de l’imprimeur. Elle est enduite d’encre composée de noir de fumée et de colle de peau. La feuille de papier est alors apposée et pressée sur le bois soit à l’aide d’un rouleau en bois appelé aussi « frotton », soit avec une presse à tympan.

Si l’on veut imprimer simultanément des mots et l’image, et lorsque le texte se limite à un titre ou quelques légendes, l’imagier les fait directement graver dans le bois. Sinon, le bois gravé est cloué sur une planche plus large et sur laquelle sont également fixés, affleurant au même niveau que le bois, les caractères typographiques en plomb qui composent le texte.

Lorsque survient, au début du 19e siècle, la mode des « cantiques spirituels » pour les images religieuses, le texte qui encadre l’image prend une importance croissante et l’obtention du brevet d’imprimeur devient un enjeu économique pour l’imagier qui souhaite dépasser le stade artisanal.

La taille du bois est un travail long et minutieux. C’est pourquoi, les imagiers ont toujours cherché à rentabiliser et préserver ces planches qui constituent le patrimoine de leur entreprise. Ils n’ont pas hésité à les réemployer, à les adapter et à les modifier suivant leurs besoins.

Les avancées techniques du XIXe siècle marquent, pour l’imagerie aussi, les débuts de la mécanisation et la nécessité de rentabiliser la production. Dans les années 1830, seuls les imagiers qui ont obtenu le brevet d’imprimeur « en lettres », leur permettant d’imprimer des caractères typographiques, et ceux qui ont optimisé leur fabrication, par exemple en s’équipant de fonderies de stéréotypes, restent compétitifs et survivent. Les centres de production d’imageries populaires se déplacent alors vers l’Est de la France.

Peu à peu abandonnée pour imprimer des images de grande série, la xylographie retrouve un élan sous le régime de Pétain : avec l’artisanat, les fêtes populaires, elle se place dans ce regain folkloriste qui glorifie la France.

Technique longue et difficile, la xylographie est désormais retournée à un usage discret et artistique, définitivement remplacée par l’offset et les machines…

Anne Cablé et Martine Sadion