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Orléans (45)

Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie
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Le tournant de la Révolution

Jean-Baptiste Letourmy, Planche d’impression : paysan portant sur son dos un abbé et un noble, 1789, Hôtel Cabu, A.6185
Jean-Baptiste Letourmy, Planche d’impression : paysan portant sur son dos un abbé et un noble, 1789, Hôtel Cabu, A.6185
Jean-Baptiste Letourmy, LA LIBERTE, 1792-1793, Hôtel Cabu, 2005.0.1
Jean-Baptiste Letourmy, LA LIBERTE, 1792-1793, Hôtel Cabu, 2005.0.1
Jean-Baptiste Letourmy, LA PRISE DE LA BASTILLE. / RECIT MEMORABLE DU SIEGE DE LA BASTILLE, (…), été ou automne 1789, Hôtel Cabu, A.6607
Jean-Baptiste Letourmy, LA PRISE DE LA BASTILLE. / RECIT MEMORABLE DU SIEGE DE LA BASTILLE, (…), été ou automne 1789, Hôtel Cabu, A.6607
Jean-Baptiste Letourmy, Images pieuses à découper, entre 1774 et 1800, Hôtel Cabu, 11260
Jean-Baptiste Letourmy, Images pieuses à découper, entre 1774 et 1800, Hôtel Cabu, 11260

Dans tous les centres d'imagerie populaire, l'essentiel de la production consiste en images pieuses, images du Christ en croix, de la Vierge et des saints, et Orléans n'échappe pas à la règle jusqu'en 1789.

Pendant la Révolution, l'imagerie orléanaise va prendre une connotation politique très engagée, peut-être uniquement en raison de la personnalité de son principal éditeur, Jean-Baptiste Letourmy. Qu'il s'agisse de convictions personnelles fortes ou d'un opportunisme mercantile dû à la disparition pendant la Révolution des images religieuses qui ont toujours constitué la principale ressource des imagiers, toujours est-il que la diversité des images révolutionnaires d'Orléans est stupéfiante. Cette production dure des États généraux de 1789 aux premiers temps du Consulat en 1800, qui coïncident avec la disparition de Jean-Baptiste Letourmy.

Jamais ailleurs qu'à Orléans on n'a assisté à un tel déferlement d'images politiques, sauf peut-être à Paris mais où cette production coexiste avec d'autres. Paris semble d'ailleurs être la source d'inspiration principale. Letourmy sera le seul dans toute l'imagerie populaire de province à copier en taille d'épargne la célèbre caricature révolutionnaire parisienne de 1789 qui montre un pauvre paysan, figurant le Tiers Etat, plié en deux sous la charge de la Noblesse et du Clergé, le seul à copier sur bois les figures de l'Égalité et de la Liberté, copiée d'après une taille-douce de Basset à Paris.

Tout son génie consiste à mettre ces figures en forme pour continuer à produire des pièces de grandes dimensions qui font la gloire de l'imagerie d'Orléans avant la Révolution.

Si la production d'imagerie a débuté plus tôt à Orléans que dans les autres centres, elle cesse aussi beaucoup plus tôt. Orléans est en effet un des rares grands centres de production français à ne pas connaître un développement industriel au XIXe siècle avec l'apparition de la lithographie et les techniques modernes de reproduction photomécanique.

Rabier-Boulard continue d'exploiter le fonds de Letourmy jusqu'en 1842 en retirant d'anciens bois, mais la créativité a diminué et peu à peu tout s'arrête à Orléans, alors qu'à Épinal ou à Metz, l'histoire ne fait que commencer, avec de nouveaux thèmes et de nouveaux publics. C'est peut-être la raison pour laquelle la production d'Orléans, qui fait figure d'" incunable " de l'imagerie populaire française et marque l'apogée du genre au XVIIIe siècle, nous touche particulièrement.           

Nicole Garnier-Pelle