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Orléans (45)

Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie
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Modèles savants, diversité des sujets et grandes dimensions

Pierre-Fiacre Perdoux, LASSOMPTION / DE LA SAINTE VIERGE, entre 1771 et 1805, Hôtel Cabu, A.6569
Pierre-Fiacre Perdoux, LASSOMPTION / DE LA SAINTE VIERGE, entre 1771 et 1805, Hôtel Cabu, A.6569
Pierre-Fiacre Perdoux, VOICY LES VERITABLES CRIS DE PARIS (…), détail, 1788, Hôtel Cabu, 2013.6.1.détail-02
Pierre-Fiacre Perdoux, VOICY LES VERITABLES CRIS DE PARIS (…), détail, 1788, Hôtel Cabu, 2013.6.1.détail-02
Jean-Baptiste Letourmy, Frise des Quatre saisons, L’AUTONNE (sic), entre 1774 et 1800, Hôtel Cabu,  10687(3)
Jean-Baptiste Letourmy, Frise des Quatre saisons, L’AUTONNE (sic), entre 1774 et 1800, Hôtel Cabu, 10687(3)
Rabier-Boulard, MONSEIGNEUR LE DUC D'ANGOULEME ENTRANT DANS LA VILLE DE MADRID (…), vers 1823, Hôtel Cabu, 94.16.1
Rabier-Boulard, MONSEIGNEUR LE DUC D'ANGOULEME ENTRANT DANS LA VILLE DE MADRID (…), vers 1823, Hôtel Cabu, 94.16.1

Orléans apparaît comme l'un des plus beaux centres de production de toute l'histoire de l'imagerie populaire française, sinon le plus beau, avec des images d'une grande qualité graphique.

La diversité de ses sources d'inspiration est infinie. Ses graveurs sur bois, pour la plupart anonymes, s'inspirent aussi bien de Raphaël que de Rubens, de Charles Le Brun que de Valentin de Boulogne ou de Guido Reni. Sans naïveté de dessin, avec une grande économie de moyens dûe à leur technique, les graveurs permettent l'accès à des compositions célèbres à toute une population rurale souvent analphabète.

Cette production, d'un grand charme, est traitée dans des coloris clairs, des roses et des bleus, appliqués au pochoir, qui n'ont d'égal que dans les centres voisins de Chartres et du Mans.

Ces coloris pastels, typiques du XVIIIe siècle, siècle de la douceur de vivre, rappellent ceux utilisés dans l'impression sur étoffe dont ils constituent un substitut. L'imagerie n'est donc populaire que par le public à qui elle s'adresse ; elle revêt des formes parfois archaïsantes, mais dissimule en fait des modèles savants tirés du grand répertoire artistique international.

La spécialité d'Orléans est alors la production de tours de lit et de frises de cheminée, grandes images en longueur constituées de plusieurs bois imprimés sur des feuilles collées à la suite. On retrouve là encore une spécificité locale qui relève de la continuité de l'indienne au papier peint et à l'imagerie. Il a existé quelques exemplaires de frises - la plupart du temps religieuses - dans d'autres centres de production comme Épinal dès le XVIIIe siècle, mais c'est Orléans qui semble avoir développé avec le plus de succès ce produit et qui l'a diversifié à loisir.

La Révolution venue, les frises religieuses passées de mode seront remplacées par des images à sujets politiques ou militaires ou par des sujets indémodables comme Les Quatre saisons ou Les Cris de Paris, présentant les petits métiers de la ville. Spectaculaires et décoratives, ces frises connaîtront toujours le même succès au début du XIXe siècle avec de grands thèmes traditionnels directement inspirés des romans de chevalerie et des chansons de geste du Moyen Âge.

C'est toujours en raison du lien historique avec l'impression sur tissu qu'une des spécialités d'Orléans est la production d'images de très grandes dimensions, que seule Épinal pourra égaler au siècle suivant grâce à l'apport de nouvelles technologies.

Nicole Garnier-Pelle