logo
Orléans (45)

Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Hôtel Cabu, Musée d'histoire et d'archéologie
Voir le plan du parcours

Orléans, très ancien centre de production

Jérôme III Le Blond, St PIERRE, début du XVIIIe siècle, Hôtel Cabu, A.6589
Jérôme III Le Blond, St PIERRE, début du XVIIIe siècle, Hôtel Cabu, A.6589
Jean-Baptiste Sevestre-Le Blond, Papier peint n° 228, entre 1751 et 1788, Hôtel Cabu, 2008.5.1
Jean-Baptiste Sevestre-Le Blond, Papier peint n° 228, entre 1751 et 1788, Hôtel Cabu, 2008.5.1
Pierre-Fiacre Perdoux, Papier peint n° 337 recouvrant le tome 2 de Relation des voyages entrepris par ordre de sa majesté britannique (...) par Philippe Carteret, Paris, 1789, Hôtel Cabu, 998.49.1
Pierre-Fiacre Perdoux, Papier peint n° 337 recouvrant le tome 2 de Relation des voyages entrepris par ordre de sa majesté britannique (...) par Philippe Carteret, Paris, 1789, Hôtel Cabu, 998.49.1
François Pellé, Planche d’impression pour papier de tenture : décor au chinois, n° 76, entre 1774 et 1780, Hôtel Cabu, A.6869
François Pellé, Planche d’impression pour papier de tenture : décor au chinois, n° 76, entre 1774 et 1780, Hôtel Cabu, A.6869

La ville est l'un des centres d'imagerie populaire les plus anciens de France, sa production est attestée dès le début du XVIIIe siècle avec quelques rares images d'actualité qui sont parvenues jusqu'à nous.

L'apparition de cette imagerie provinciale gravée sur bois a étonné les spécialistes, tel Jean Adhémar, qui a imaginé que les graveurs d'images sur bois de la rue Montorgueil à Paris, concurrencés par l'essor de la taille-douce ou gravure sur cuivre, se sont repliés en province pour y continuer leur pratique de la taille d'épargne.

Il en voulait pour preuve les noms des imagiers parisiens du XVIe siècle, que l'on peut retrouver dans les grandes villes de province ; c'est ainsi que Jean-Baptiste Sevestre (1728-1805), l'un des plus anciens imagiers d'Orléans au XVIIIe siècle avec Jean Le Blond, serait selon lui un descendant de la famille Sevestre, établie à Paris au XVIe siècle.

Cette hypothèse a son intérêt, mais elle ne saurait faire oublier que la production d'imagerie à Orléans est étroitement liée à l'industrie textile, et notamment aux indiennes. Ces toiles peintes ou imprimées importées des Indes connaissent un grand succès en France et on cherche rapidement à les y copier, mais leur fabrication demeure interdite de 1686 jusqu'à 1759. La levée de cette interdiction remodèle fortement le paysage artisanal à Orléans comme dans le reste de la France, en développant les manufactures. L'impression sur tissu utilise la technique traditionnelle de la gravure sur bois de fil en taille d'épargne, technique qui consiste à réserver (ou épargner) le dessin qui est imprimé en noir, le reste de l'image étant colorié au pochoir (ou patron). Le développement de l'indiennage en France dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle va susciter l'apparition de nombreux graveurs sur bois qui travaillent alternativement pour l'impression sur tissu et l'imagerie.

Orléans, important centre d'impression textile, devient donc aussi un important centre de production d'imagerie. Comme l'écrit en 1787 Couret de Villeneuve, imprimeur du Roi à Orléans, dans son mémoire sur les arts et métiers à Orléans, " il n'y a dans Orléans d'autres graveurs en bois que ceux employés pour les manufactures d'indiennes et pour les dominotiers ".

L'imagerie d'Orléans est aussi étroitement liée à la fabrication du papier peint ou dominoterie, qui sert à la fois pour l'ameublement de la maison et à la couverture des livres ; nulle part en France ailleurs qu'à Orléans on n'en a produit autant et d'une telle diversité, alors que dans les autres centres de production français, le rôle des cartiers (ou fabricants de cartes à jouer) est en général prédominant dans le développement de l'imagerie.

La dominoterie remplace le textile dans le décor des intérieurs modestes ; elle connaît à Orléans un engouement extraordinaire à voir le nombre d'échantillons conservés.

Nicole Garnier-Pelle