L’art du portrait dessiné, gravé et peint, assimilé au "petit genre" dès le XVII^e siècle -par opposition au "grand genre" de la peinture d’histoire-, connait un regain d’intérêt au XIX^e siècle, même après l’invention de la photographie qui aurait pu s’y substituer.

Le Musée d’Art et d’Histoire de Dreux conserve de beaux exemples de pratiques amateures. Deux sanguines réalisées par un certain André Tellot, probablement de la région drouaise, ont été données par Maurice Jusselin (1882-1965), archiviste puis Conservateur des Antiquités et Objets d’art du département d’Eure-et-Loir. Un autre dessin, cette fois effectué à la mine de plomb, vient d’intégrer l’inventaire du Musée. Cette œuvre anonyme était conservée dans les réserves sans historique d’acquisition. Elle est à rapprocher d’une figure détenue par la mairie de Charpont, à quelques kilomètres de Dreux, possédant les mêmes caractères stylistiques. Dans la veine Troubadour, il témoigne de la persistance de cette forme d’expression artistique tout au long du siècle, dans la lignée des vitraux d’Ingres qui garnissent la Chapelle Royale sur les hauteurs de la ville.  

Le "petit genre" du portrait se destina progressivement à rejoindre la veine magistrale, après l’impressionnisme, en de délicates variations intimistes ou caricaturales, dans les abords de Montmartre. À l’instar d’Honoré Daumier (1808-1879), célèbre caricaturiste, Maurice Marinot livra une série de croquis de cafés situant ses personnages dans le jeu social, affectés de poses saugrenues. Toujours dans les cafés, Maxime Desthomas installa une atmosphère plus mélancolique. Yvonne, précisément datée de mai 1915, rend compte de l’univers intérieur des troquets baignés d’absinthe que fréquentait l’artiste aux côtés d’Edgar Degas (1834-1917). Beaucoup plus tardive, la Maternité de Tsugouharu Foujita exprime le bonheur partagé entre la mère et l’enfant, plus proche du sujet religieux que des œuvres tapageuses du Montparnasse qu’il arpenta dans les années 1920.