Daumier Honoré (1808-1879) (auteur)

Planche de Le Charivari de mai-juin 1849 1849 : Séries : Les Femmes socialistes, 10 planches (avril-juin 1849). La série des Femmes socialistes, publiée entre avril et juin 1849 dans Le Charivari, série à laquelle Delteil, à qui l'on doit leur titre respectif, les rattache. Le titre de la série fait allusion à une pièce éponyme de Varin et Roger de Beauvoir, jouée au Théâtre Montansier le 21 avril 1849. À l'instar des journalistes du Charivari, Daumier s'amuse des engagements publics des femmes, qu'ils soient artistiques (Bas-bleus), sociaux (Les Divorceuses) ou politiques (Femmes socialistes). Repères chronologiques par Monique Moulène Source : http://expositions.bnf.fr/dau Fort conformiste pour une fois, Daumier publie une série de lithographies tournant en dérision le combat des femmes socialistes qui lisent des journaux subversifs, délaissent maris et enfants pour aller manifester et osent présenter leur candidature à des élections législatives. Source : http://www.honore-daumier.com Les « Femmes de 1848 » : lorsqu’éclate la Révolution de février 1848, les femmes sont d’emblée présentes, qui réclament de meilleures conditions, à l’instar des hommes, (manifestations d’ouvrières) et qui participent au mouvement général. Des clubs sont fondés (le Club de l’émancipation des femmes par Jenny d’Héricourt, Club de l’éducation mutuelle des femmes), des journaux (La Voix des femmes par Eugénie Niboyet). Certes, leur représentativité est faible, mais leur activisme indéniable. Le problème du droit de vote est posé dès la proclamation du suffrage universel le 2 mars : la question est de savoir si l’expression « les Français de plus de vingt et un ans » comprend les Françaises. Une délégation du Comité des droits de la femme vient demander des précisions au Gouvernement provisoire, qui répond que c’est à la future assemblée d’en décider. Les femmes sont donc exclues des élections. La réaction antiféministe : outre George Sand qui a refusé la proposition d’Eugénie Niboyet d’être candidate (Sand n’est évidemment pas antiféministe, mais elle est anti-suffragiste, privilégiant l’accès aux droits civils avant les droits civiques, et c’est un clivage récurrent dans les courants féministes), les républicains sont de plus en plus réticents au vote féminin et les réactions de l’opinion de plus en plus radicales et violentes. Après les journées de juin, pendant lesquelles des femmes ont été actives mais ont du coup effrayé, beaucoup sont victimes de la répression (même si moins sévèrement que les hommes) et les journaux féministes sont interdits, de même que les clubs féminins (l’interdiction allant même pour les femmes jusqu’à l’assistance aux réunions des clubs masculins et aux débats publics). Un rejet radical et symptomatique de la participation des femmes à la vie publique est celui de Proudhon, qui les cantonne aux rôles extrêmes de « ménagère ou courtisane ». Jeanne Derouin se présente pourtant aux élections législatives du 13 mai 1849, au milieu des moqueries et des refus, y compris de féministes. La signification de l’épisode : Les femmes, exclues de la République, le sont aussi du socialisme. L’apparition, ou plus exactement la mise en oeuvre, dans le suffrage universel, des valeurs liées à l’universalisme républicain a entraîné l’exclusion des femmes parce qu’on a voulu voir en elles des individu(e)s inachevées sur le plan de la maturité politique. Joëlle DUSSEAU Source : ftp://trf.education.gouv.fr