Ce plat a été fabriqué en Chine à Jingdezhen (grand site de production de la porcelaine chinoise), puis transporté jusqu’au port de Canton où il a été chargé dans un navire d’une compagnie des Indes européennes. Ce type d’objet était très convoité et importé en Europe aux 17^ème et 18^èmesiècles.

Ce grand plat représente une scène de vie à l’intérieur d’un Siheyuan. Cet habitat traditionnel chinois est composé de plusieurs bâtiments regroupés symétriquement autour d’une ou plusieurs cours. Il accueille généralement toute une famille avec plusieurs générations. Les maisons sont à deux étages et possèdent un style architectural largement répandu dans la Chine ancienne.

Au centre de la scène, un dignitaire part ou revient d’un voyage, assis dans une petite charrette tirée par un animal. Il est accompagné de serviteurs et de ses bagages. Un autre personnage (seigneur des lieux ?) est debout entouré d’enfants et de domestiques.  Les femmes sont à l’intérieur des bâtiments.

Les différents animaux sont difficilement identifiables : celui tirant la charrette, par exemple. Au centre, deux grues sont représentées. Ces oiseaux symbolisent en Chine (comme au Japon) la longévité. Elles figurent dans de nombreuses légendes qui racontent qu’elles pouvaient vivre 600 ans et qu’elles étaient autrefois des hommes, changés en oiseaux. Ce qui explique pourquoi, elles s’intéressaient aux affaires des êtres humains. Elles sont aussi le symbole de la sagesse, de l’élévation de l’esprit et de la bonne fortune dans la culture chinoise. En outre, les couples de grues sont fidèles toute leur vie à leur partenaire.

D’autres animaux réels ou imaginaires sont représentés sur ce plat, essentiellement sur le marli : oiseaux, chien, cervidés et phénix. (Le marli est le bord extérieur d’un plat ou d’une assiette).

La perspective est traitée différemment par rapport à une représentation européenne. Le toit de maisons dépasse au-dessus des nuages figurés par une superposition de demi-cercles.

Réalisé en porcelaine dite « Famille verte » en raison de la prédominance de cette couleur, ce plat est caractéristique du règne Kangxi (1662-1722). Différentes cuissons sont nécessaires pour sa réalisation. En effet, les émaux utilisés ne cuisent pas tous à la même température, ce qui nécessite plusieurs passages dans le four. La première cuisson étant celle dont la température est la plus élevée (« à grand feu » autour de 1400°C) alors que la dernière appelée « cuisson à petit feu » (800°C) est réalisée après l’application des émaux ne supportant que des températures plus basses. Les émaux verts sont à base d’oxyde de cuivre. La cuisson de l’émail de couleur rouge est peu maitrisée, c’est pourquoi il n’est appliqué que sur de très petites surfaces.