Château royal de Blois

Les décors peints
Au-delà du tableau de chevalet, le décor peint est un élément fondamental de l’aménagement intérieur des demeures aristocratiques et bourgeoises au XVIIe siècle. La peinture est soit directement posée sur le mur enduit, soit réalisée sur toile ou sur panneau puis insérée dans les boiseries de la pièce. Malheureusement, notre connaissance des décors peints du XVIIe siècle est partielle. Davantage soumis aux variations du goût, ils ont été détruits. Il ne nous en reste qu’une infime partie en place et quelques éléments épars conservés dans les musées.
Les motifs du décor
Le décor le plus simple est purement ornemental et use de rinceaux, cartouches et arabesques, de vases de fleurs, éventuellement de paysages et d’architectures feintes... Le commanditaire y ajoute souvent son chiffre, ses armoiries ou sa devise pour personnaliser ce répertoire que les ateliers reproduisent sur différents chantiers.
En fonction de la mode littéraire du moment, on peut aussi choisir d’illustrer des sujets romanesques comme, au château de Cheverny, le Don Quichotte de Cervantès (Fig. 20) qui fournit le thème traité dans les bas-lambris et sur la cheminée d’une des grandes salles du rez-de-chaussée; le bas-lambris y était surmonté de « tableaux » dont on ne sait s’ils étaient rapportés ou enchâssés dans des boiseries. Dans d’autres pièces le peintre et le commanditaire avaient choisi Les Ethiopiques d’Eliodore ou L’Astrée d’Honoré d’Urfé. Le décor le plus savant utilise le vocabulaire allégorique et nécessite une bonne culture livresque pour le choix et l’interprétation des attributs et des figures (Fig. 21).
L’ordonnancement du décor
Dans les premières années du siècle est mis au point sur les chantiers d’Henri IV et de Marie de Médicis à Fontainebleau, au Louvre, à Saint-Germain-en-Laye etc., un nouveau système décoratif qui abandonne les grandes peintures murales du XVIe siècle (Oiron, Fontainebleau, Ancy-le-Franc), au profit de lambris de hauteur qui font entrer la peinture dans de petit compartiments savamment agencés; les plafonds, d’abord à poutres et solives, s’ornent de caissons fortement moulurés où l’on insère des tableaux d’histoire ou des allégories. Ce système est développé dans les années 1620 - 1630 au palais du Luxembourg de Marie de Médicis à Paris puis gagne les hôtels particuliers parisiens et les propriétés à la campagne des gens de robe et des courtisans (par exemple au château de Cormatin en Bourgogne, un des meilleurs exemples conservés).
A partir du milieu du siècle, la peinture se libère du carcan des moulures en vogue sous Louis XIII et se développe plus librement sur des plafonds unifiés à voussures, sur des boiseries plates à fond d’or ; c’est désormais la rhétorique de Versailles qui s’impose partout (Fig. 22).
