Château royal de Blois

Une vie de peintre au XVIIe siècle

Au XVIIe siècle, le peintre acquiert un statut social différent de celui de l’artisan. Progressivement, l’atelier-boutique disparaît au profit de l’atelier comme lieu de création et d’enseignement. Au début de sa formation, l’apprenti entre dans l’atelier d’un peintre réputé où il réalise de menus travaux : il broie les pigments et prépare la toile. Il devient progressivement l’un de ses collaborateurs et l’assiste dans l’exécution de certaines parties du tableau. Ainsi, l’Allégorie du Bon Gouvernement (Fig. 14) peinte dans l’atelier de Rubens révèle l’intervention de plusieurs mains notamment pour la réalisation du très beau bouquet de fruits jaillissant de la corne d’abondance qui semble posé sur la toile. On remarque encore une collaboration dans le Jésus apparaissant à saint Antoine de Padoue (Fig. 15) d’après Andréa Vaccaro pour l’exécution de la couronne de fleurs et dans le Salomon et la reine de Saba (Fig. 16) de Gaspard van den Hoecke pour la nature morte d’orfèvrerie.
En France, l’enseignement est pris en charge par l’Académie royale de peinture et de sculpture, créée en 1648, dont Sébastien Bourdon (Fig. 12) et Michel Ier Corneille (Fig. 13) comptent parmi les douze fondateurs. Les peintres y dispensent des conférences théoriques, des cours de perspective et d’anatomie. Nombre d’artistes français comme Jacques Stella (Fig. 3) et Sébastien Bourdon se rendent également en Italie afin de parfaire leur formation et de s’inspirer des grands maîtres.
Au début du siècle, certains peintres possédaient une échoppe à la foire de Saint-Germain-des-Prés à Paris où ils faisaient commerce de tableaux. Charles Martin, alors peintre du roi, fut l’un des principaux marchands du règne de Henri IV. Le grand portrait figurant Marie de Médicis et le Dauphin Louis (Fig. 17), en 1603, était peut-être destiné à être présenté en devanture de sa boutique afin de créer l’événement. Le plus souvent, le peintre réalisait ses oeuvres en rapport avec une commande comme ce fut le cas pour La Visitation (Fig. 13) que Michel Ier Corneille exécuta en 1648 pour Paul Ardier, seigneur de Beauregard, afin d’ orner le maître-autel de l’église du couvent des Visitandines de Blois. Le commanditaire, passait avec le peintre un contrat précisant le sujet, le nombre de personnages et la composition.
