Inv. RF 51000

Cat. Petithory : 206 ; N° Solanet : 87

1998

Tournus, 1725 ; Paris, 1805

1775 entre ; 1780 et

scène (homme, femme, enfant, cheval, chien, vue d'architecture, paysage)

Un homme accablé, proscrit, s’apprête à quitter sa demeure et les siens ; l’arrière plan évoque un décor d’architecture

Plume, pinceau et encre brune, lavis brun et gris, sur esquisse à la pierre noire

Plume, pinceau et encre brune, lavis brun et gris, sur esquisse à la pierre noire ; encadrement à la plume et encre brune.

marque (Louvre)

L. 1886 a

H. 53,1 ; l. 67

Le titre est celui donné par les catalogues des ventes du 19e siècle dans lesquels figura ce dessin. La demeure somptueuse que cet homme accablé s'apprête à quitter évoque l'architecture de l'Antiquité que le néoclassicisme s'attachait à ressusciter ou, au moins, de laquelle il s'inspirait. Dans l'Antiquité grecque et romaine, la proscription était une condamnation à mort, sans forme judiciaire et pouvant être mise à exécution par quelque citoyen que ce fût : le concept de proscription s'étendit non seulement à la condamnation de coupables, mais surtout d'adversaires politiques dont les biens étaient le plus souvent confisqués. Le peu de précision apporté à l'évocation des costumes, en particulier ceux des trois personnages à droite, laisse planer une ambiguïté sur la date de cette scène ; le vêtement et les bottes du proscrit et de l'homme tenant la monture paraissent, eux, contemporains. Greuze aurait-il voulu évoquer ici le banissement du procureur général pour le parlement de Bretagne, Lousi-René de Caradeuc de La Chalotais (1701-1785), exilé en Saintonge avec son fils et quatre conseillers de ce parlement, et ce jusqu'en 1774 ? A son habitude, Greuze avait con'u un pendant à ce projet de composition, un "Retour du proscrit", de mêmes techniques et dimensions ; ces deux dessins appartenaient à Benjamin Fillon et furent tous deux acquis à sa vente par G. Moreau-Chaslon (le "Retour" ayant été payé 360 f, le "Départ" 160 f seulement !). Ni l'une ni l'autre de ces compositions ne semblent avoir été peintes ou gravées. "Le retour du proscrit" ne nous est pas connu aujourd'hui, mais Edgar Munhall avait présenté sous ce titre lors de l'exposition consacrée à Greuze en 1976/77 à Hartford, San Francisco et Dijon (p.175, n°80, repr.) un dessin consrvé à Hartford, au Wadsworth Athenuem ; dans cette très rapide esquisse ne figure pas de décor d'architecture et l'attitude des cinq personnages ne correspond pas à la description donnée dans le catalogue de la vente de 1882. Greuze commença à imaginer des compositions en pendants (sinon en suites) dès le succès de "l'Accordée de village", peinture commandée par le marquis de Marigny, frère de Mme de Pompadour et surintendant des Bâtiments du Roi ; cette toile fut achetée à sa vente, en 1782, pour les collections royales (Louvre). Le succès de cette scène narrative, réaliste et émouvante (à laquelle Diderot consacra l'un de ses plus longues et élogieuses descriptions lors de son exposition au Salon en 1761) entraîna Greuze à composer un "Départ du jeune ménage", étape suivante d'une série sur le thème des Âges de la vie. Ici, l'écriture très libre, suggére de dater ce dessin vers 1775-1780, mais l'allusion politique reste sans équivalent dans l'oeuvre de Greuze; (notice Jean-François Méjanès, extr. cat. Petithory)