Musée Bonnat-Helleu
musée des beaux-arts de Bayonne
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La Belle-mère
La Belle-mère
 
Jean-Baptiste Greuze
“La Belle-mère”
vers 1779
pinceau et encre noire, lavis gris et noir, avec rehauts de gouache blanche, sur esquisse à la pierre noire, sur papier chamois
inv. RF 50998

Cette feuille, de grand format et très picturale, est probablement le dessin que le peintre Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) remit au graveur Jean-Charles Le Vasseur (1734-1804) en 1779.

L’artiste a commenté lui-même sa composition dans une lettre publiée par le “Journal de Paris” le 13 avril 1781 : “Un jour, en passant sur le Pont-Neuf, je vis deux femmes qui se parlaient avec beaucoup de véhémence ; l’une d’elles répandit des larmes et s’écriait : “Quelle belle-mère ! Oui, elle lui donne du pain, mais elle lui brise les dents avec le pain”. Ce fut un coup de lumière pour moi ; je retournai à la maison et je traçai le plan de mon tableau, qui est de cinq figures : la belle-mère, la fille de la défuncte, la grand-mère de l’orpheline, la fille de la belle-mère et un enfant de trois ans. je suppose que c’est l’heure du dîner et que la jeune infortunée va se mettre à table comme les autres ; alors la belle-mère prend un morceau de pain sur la table, et, la retennant [sic] par son tablier, elle lui en donne par le visage. J’ai tâché de peindre dans ce moment le caractère de haine réfléchie qui vient ordinairement d’une heine [sic] invétérée. La jeune fille cherche à l’éviter et semble lui dire : Pourquoi me frappez-vous ? Je ne vous fais point de mal. Son expression est la modestie et la crainte. Sa grand-mère est à l’autre boutde la table ; pénétrée de la plus vive douleur, elle élève vers les cieux ses yeux et ses mains, tremblantes, et semble dire : “Ah, ma fille, où es-tu ? Que de malheurs, que d’amertume”. La fille de la belle-mère, peu sensible au sort de sa sœur, rit en voyant le désespoir de cette femme respectable, et avertit sa mère en la tournant en ridicule. Le petit enfant, qui n’a pas encore le cœur corrompu, tend ses bras reconnaissants vers sa sœur, qui prend soin de lui. Enfin, j’ai voulu peindre une femme qui maltraite un enfant qui ne lui appartient pas et qui, par un double crime, a corrompu le cœur de sa propre fille.”

Aucun tableau de ce sujet ne paraît finalement avoir été réalisé par l’artiste.