Londres, brumeuse et ouvrière
Paul Helleu (1859-1927)
"Une Place à Londres"
1889
huile sur toile
inv. 2010.1.19
Paul Helleu (1859-1922)
"Croquis anglais"
Reproduit dans l'ouvrage de Robert de Montesquiou, 1913
C'est d'abord la nécessité qui pousse Paul Helleu à Londres, où il séjourne durant un mois et demi en 1885. Sur les recommandations de son maître, Jean-Léon Gérôme (1824-1904), il a été embauché pour travailler à un panorama, loisir populaire en plein âge d'or. Il retrouve ses amis John Singer Sargent (1856-1925), James Tissot (1836-1902) et se rend à Tite-Street, chez James Abbott McNeill Whistler (1834-1903) qu'il admire. Il y rencontre Jacques-Émile Blanche (1861-1942) qui se souvient de leur passion pour la Tamise : "Combien de journées avons-nous passées sur les pontons des bateaux-omnibus, de Chelsea à Greenwich, salissant des toiles sitôt jetées à l'eau, tandis que nos compagnons visitaient le British Museum !" (Blanche, 1928, p. 138)
Dans la toile de Bayonne, Helleu aurait plutôt posé son chevalet en face de la National Gallery pour restituer, par le jeusubtil d'une polychromie sourde, la brume londonienne. Il pourrait en effet s'agir de la statue équestre de Charles Ier qui se dresse à Charing Cross, avec, en arrière-plan, le Grand Hôtel édifié en 1880 en lieu et place de la Northumberland House, lors du percement de l'avenue du même nom. Un croquis, publié par Robert de Montesquiou dans la monographie qu'il consacre à son ami en 1913, représente une soubrette à la fenêtre d'un bâtiment semblable. Ces œuvres, qu'une lumière trop mouvante empêche l'artiste d'achever, constituent de rares témoignages de ces voyages.