L'Angleterre laborieuse
Théodore Géricault (1791-1824)
"The Coal Waggon"
1820
plume, encre brune et lavis d'aquarelle sur papier
inv. 221
La lithographie "The Coal Waggon" a rendu célèbre le travail des charbonniers dans l’œuvre de Théodore Géricault. Le point de départ de cette composition est sans doute un dessin à la plume et à l’aquarelle conservé au musée Bonnat-Helleu. Évoquant les mutations sociales du début du XIXe siècle, l’œuvre représente des chevaux de trait, symboles d'un mode de vie agricole traditionnel, tirant un chargement de charbon, matériau qui a alimenté la révolution industrielle.
Le 10 avril 1820, Géricault s’embarque pour l’Angleterre, avec le graveur Nicolas-Toussaint Charlet (1792-1845). Révélé par l’exposition populaire de son "Radeau de la Méduse" à Londres, le peintre passe un long séjour en Angleterre. Il y pratique, rapidement et intensément, la lithographie, un art nouveau capable d’illustrer la misère urbaine.
Ce qu’il découvre à Londres est en effet très sombre : une ville prolétaire, aux murs décrépits et aux rues boueuses. Géricault y peint aussi des chevaux, sa passion de toujours, sur un mode moins lyrique et plus réaliste. L’Angleterre de l’artiste est en effet une nation laborieuse où l’animal est d’abord une force de travail un capital de production. Un corpus graphique d’une rare puissance exalte sombrement les scènes de trait, labours et transport (comme "L’Entrée du quai des Adelphi"). À ce réalisme social où le cheval devient la métaphore de la révolution industrielle s’oppose le lyrisme de "Course de chevaux, dite Le derby de 1821 à Epsom".