Les paradoxes de Venise
Léon Bonnat (1833-1922)
"San Giorgio Maggiore (Venise)"
1883
huile sur bois
inv. RF 1953-14 (CM 394)
Joseph Saint-Germier (1860-1925)
"Un Canal à Venise"
huile sur bois
inv. 1095
Paul Signac (1863-1935)
"Navires près de la Punta della Dogana à Venise"
1904
aquarelle sur esquisse au crayon noir, sur papier crème
inv. CMNI 2047
"Ces palais n'ont pas ou guère changé de famille. Ils portent encore les mêmes noms qu'au temps du Véronèse... Voyez ces hautes fenêtres aux colonnettes jumelées... Ce sont des façades pour refléter dans l'eau les clartés d'une fête."
(Flament, 1951, p. 702)
Ainsi se souvient le journaliste Albert Flament (1877-1956), des propos de Léon Bonnat qui le rejoint à Venise en 1903. Le peintre, déjà âgé, retrouve avec une certaine émotion l'historique Cité des Doges. Pourtant, il retient de l'église San Giorgio Maggiore un volume posé sur la nappe grise des flots. Joseph Saint-Germier, son élève, peint également la ville dans sa matérialité : aux parois verticales des murs, à peine animés par le linge étendu aux fenêtres, répond l'horizontalité de l'eau rendue d'une pâte chargée, comme pour en affirmer la densité.
Au contraire, Félix Ziem se place dans la lignée de Joseph Mallord William Turner pour faire de Venise une cité de lumière, que l'eau fait miroiter. La ville inspire Claude Monet, puis séduit aussi les post-impressionnistes comme Paul Signac. Dans l’aquarelle du musée Bonnat-Helleu, ce dernier utilise la teinte claire du papier rehaussé de blanc, pour rendre la lumière saturée du port. La couleur est posée avec parcimonie pour créer le jeu des reflets mouvants des bateaux amarrés.