L'art de voyager
Eugène Delacroix
“Quatre études d’Arabes”
1832
plume et encre brune, sur papier
inv. 727
“Femmes marocaines”
1832
aquarelle
Musée de Chantilly
“Ensemble d'objets marocains rapportés par Delacroix lors de son voyage au Maroc en 1832”
Paris, musée national Eugène Delacroix
Avec le voyage en Orient, le fantasme de “La Mort de Sardanapale” fait place à une réalité pittoresque, inspiratrice de milliers de dessins, véritables répertoires dans lesquels Delacroix puisera toute sa vie.
Séduit par les paysages, les sons, les couleurs, comme par la beauté des habitants et de leurs costumes, Delacroix multiplie les aquarelles et croquis. L’Orient lui apparaît comme le lieu de l’exaltation des sens, et l’Antiquité, qui est la référence commune de tous les peintres de culture classique, semble ressusciter sous ses yeux avec les couleurs de la vie. La lettre, qu’il adresse à Jean-Baptiste Pierret le 29 janvier, est très éloquente à ce sujet : “Imagine, mon ami, ce que c’est de voir couchés au soleil, se promenant dans les rues, raccommodant des savates, des personnalités consulaires, des Catons, des Brutus, à qui il ne manque même pas l’air dédaigneux que devaient avoir les maîtres du monde ; […] vous ne pourrez jamais croire à ce que je rapporterai, parce que ce sera bien loin de la vérité et de la noblesse de ces natures.”
Cette étude à la plume représentant divers personnages assis ou allongés a pu inspirer l’artiste pour son tableau Une rue à Meknès signée et datée 1832, exposée au Salon de 1834 (Buffalo, Albright-Knox Art Gallery) et Corps de garde à Meknès de 1847, dont l’original est à Wuppertal (Von der Heydt Museum) et la réplique autographe à Chantilly.