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Tours (37)

Musée des Beaux-Arts de Tours

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Musée des Beaux-Arts de Tours
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Claire Aumaître et Frans Francken II

Claire Aumaître, Egine, Collection FRAC Poitou-Charentes
Claire Aumaître, Egine, Collection FRAC Poitou-Charentes
Frans Francken II, L'Enlèvement d'Hélène, Tours, musée des Beaux-Arts
Frans Francken II, L'Enlèvement d'Hélène, Tours, musée des Beaux-Arts

Claire Denis Aumaître Haquet, née en 1959 à Neuilly-sur-Seine
Egine, 1986
Peinture à la cire sur papier Kraft, H. 133,5 ; L. 103 cm
Acquis auprès de l’artiste, 1987, Collection FRAC Poitou-Charentes
N° inv. 987.6

Frans Francken II (Anvers, 1581-1642)
L’Enlèvement  d’Hélène, 1625
Huile sur bois, H. 87 ; L. 120 cm
Acheté avec la collection Schmidt, 1874
Tours, musée des Beaux-Arts, N° inv. 1874-5-16

 

 

Née en 1959 à Neuilly-sur-Seine, Claire Denis Aumaître Haquet a fait ses études aux Beaux-Arts de Paris. Elle s’est essayée à différents supports et techniques artistiques, dont la peinture à la cire, qu’elle a utilisée pour Egine en 1986. Passionnée par la mythologie et par la peinture classique, cette artiste nourrit également son inspiration de la lecture des ouvrages de Sigmund Freud, de ceux de l’historien Pierre Vidal-Naquet sur l’art de la Grèce antique, et du Dictionnaire des Mythologies d’Yves Bonnefoy. 
Egine illustre de manière elliptique l’épisode de l’enlèvement et du viol de cette nymphe par Zeus. Dominé par un fort contraste des couleurs, le tableau représente le roi des dieux métamorphosé en aigle et, dans des tons plus pâles, le corps livide et ensanglanté de sa victime. Le rendu expressionniste de la violence de la scène traduit la sauvagerie de l’agression qui se produit sous nos yeux. L’intention de l’artiste, au-delà de la mise en images du mythe, est de montrer combien la domination masculine est ancrée dans les fondements de notre culture. L’agression sexuelle est ici traitée avec une crudité voulue, alors qu’elle est traditionnellement abordée de façon plus anecdotique dans la mythologie et dans la peinture classique, comme le montre une autre scène d’enlèvement, celui d’Hélène, conservée au musée des Beaux-Arts de Tours. 

Contemporain de Rubens, Frans Francken II est né en 1581 à Anvers où il a été l’élève de son père. Lorsqu’il réalise L’Enlèvement d’Hélène, en 1625, sa notoriété en tant que peintre de scènes religieuses et historiques est bien établie dans sa ville natale. Son œuvre s’inscrit dans le courant maniériste par l’abondance de figures en mouvement à la gestuelle accentuée, ainsi que par son goût des emprunts et des allusions à des sujets mythologiques et allégoriques. 
Le centre de la composition représente l’instant crucial de l’enlèvement de la reine de Sparte par les Troyens. Les gestes emphatiques d’Hélène expriment un désespoir assez convenu, qui traduit davantage son attachement pour son ravisseur, Pâris, que pour son mari légitime, Ménélas. Cette scène, presque « bruyante » du fait de la multitude des actions qui se déroulent autour du personnage principal, donne une impression d’ensemble très théâtrale. 

Ainsi, bien qu’elles abordent un thème commun, les œuvres de Frans Francken II et de Claire Denis Aumaître Haquet se distinguent autant par leur style que par leur technique. Le traitement expressionniste du viol d’Egine répond à la théâtralisation de la peinture d’histoire du peintre anversois. L’œuvre de Claire Aumaître se charge en outre de préoccupations contemporaines relatives à la sexualité et à la domination masculine qui vont au-delà des différences d’expression d’émotions partagées au XVIIe et au XXe siècle, comme la peur et la souffrance.

Amandine Drouin