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Tours (37)

Musée des Beaux-Arts de Tours

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Musée des Beaux-Arts de Tours
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Pascale Rémita et Alfred Roll

Pascale Rémita, Sans titre (La Vague), collection FRAC Poitou-Charentes
Pascale Rémita, Sans titre (La Vague), collection FRAC Poitou-Charentes
Alfred Roll, La Vague, Tours, musée des Beaux-Arts
Alfred Roll, La Vague, Tours, musée des Beaux-Arts

Pascale Rémita, vit à Niort et Nantes
Sans titre (La Vague), 2012
Huile sur toile ; H. 120 L. 160 cm
Acquis auprès de l’artiste, 2012
Collection FRAC Poitou-Charentes, n° inv. 012.21.1

Alfred Roll (Paris, 1846 – 1919)
Marine, vers 1894 ?
Huile sur toile ; H. 41 ; L. 57,8 cm
Achat, 1929
Tours, musée des Beaux-Arts, n° inv. 1928-1-1

 

Pascale Rémita est une artiste nantaise qui a commencé sa formation artistique en audiovisuel à Poitiers. Elle poursuit ses études en Licence d’arts plastiques à Paris I, avant d’obtenir le Diplôme national supérieur d'expression plastique à Nantes. Ses œuvres ont pour objectif principal d’interroger le spectateur sur son rapport aux images. L’artiste propose en effet des fragments de réalité, extraits de tout contexte, dont le spectateur doit imaginer l’environnement pour lui donner un sens. « Le leurre – écrit-elle – me fascine : en voulant voir de plus en plus, on voit de moins en moins… à moins qu’il faille tout reconsidérer autrement ». Pour cela, Pascale Rémita se concentre sur l’échelle des œuvres, et privilégie souvent des éléments microscopiques. La nature et le paysage tiennent également une place importante dans ses créations. Cependant, elle ne peint pas d’après nature mais d’après des photographies trouvées sur Internet afin de rendre compte de ces nouvelles images qui nous inondent. 
La Vague, réalisée à la peinture à l’huile en 2012, représente une surface non reconnaissable au premier abord. Seul le titre permet d’en comprendre le sens et ainsi de la recontextualiser. Son traitement hyperréaliste s’apparente quasiment à la reproduction d’une photographie en gros plan, par la finesse des détails qui incluent même les effets optiques produits par l’objectif. Le cadrage de l’œuvre, très serré, empêche de déterminer le mouvement de la vague, tandis que les dimensions du tableau et la vue en contre-plongée accentuent chez le spectateur l’impression de domination et de toute puissance de la nature.

En contrepoint de cette vague lisse qui semble nous submerger se trouve la marine d’Alfred Roll. Bien que ces deux peintures utilisent le même medium, le traitement apparaît différent, chacun témoignant de son époque à sa manière. Peintre naturaliste français formé à l’école des Beaux-Arts de Paris, Alfred Roll (1846-1919) devient un peintre officiel dans les années 1880. Il réalise alors ses œuvres les plus célèbres, de grandes compositions comme Le 14 juillet 1880, inauguration du monument à la République (Paris, Petit Palais). L’artiste est également connu pour des peintures de genre et des paysages de plus petit format qu’il réalise dès 1869. La marine conservée au musée des Beaux-Arts représente une mer furieuse vue depuis une falaise. Le cadrage plongeant accentue l’impression de puissance et de rapidité des vagues déferlant contre les rochers. Le traitement impressionniste renforce à son tour l’effet de mouvement, et la lumière venant de la droite irradie l’écume des vagues. 

La question du paysage et de l’échelle de son traitement sont communs aux deux œuvres choisies ici. Pascale Rémita réalise le gros plan d’une vague tandis qu’Alfred Roll privilégie une vue plus éloignée mais au cadrage étroit : le ciel est quasiment invisible et le rocher du premier plan empêche le spectateur d’entrer dans le paysage. L’un des artistes agrandit un détail, tandis que l’autre réduit un paysage gigantesque. L’image, condensée chez Alfred Roll, est au contraire comme dilatée chez Pascale Rémita.

Maéva Ignaczak