Le FRAM Centre a permis à l’écomusée du Véron l’acquisition d’une collection de 120 cartes postales anciennes. Ces cartes datent pour la plupart du premier tiers du XX° siècle. Elles ont contribué à forger l’image de la presqu’île du Véron.
L’exposition « Bons baisers du Véron » vous invite donc à une lecture de ces images du passé, mais elle vous révèle aussi toute l’indiscrétion des correspondances.

Ces images d’un Véron du début du XX° siècle, ne correspondent pas totalement à la réalité de l’époque, car l’appareil photographique est un objet rare, lourd, qu’il faut installer. Les temps de pause sont très longs. Par conséquent, le caractère instantané de la photographie que nous connaissons n’est guère envisageable alors. Il n’est donc pas question de photographies volées ou prises à l’improviste.
Ces photographies, qui furent choisies pour la reproduction, montrent un monde rural très animé. Les villages disposent de nombreux commerces. Dans les rues circulent bicyclettes, tricycles, voiture à chien ou charrette à âne, voitures à cheval, automobiles. Les artisans posent en tenue de travail sur le pas de leur porte. Nos cartes postales contemporaines n’en paraissent que plus fades.

Mais le Véron, c’est aussi une terre de villégiature proche de Chinon, qui n’échappe pas aux reproductions de manoirs et de châteaux. Là encore, sur certaines cartes, figurent les domestiques sur le perron, des enfants avec un filet à papillon, etc. Ces images, composées par le photographe, ne sont-elles pas destinées à donner une impression particulière ? Le château de Pontourny accueillait des jeunes filles et devait donc donner aux familles une impression favorable. Les cartes postales de ce château représentent un réfectoire, une machine à vapeur flambant neuve ou le parc très entretenu qui accueille la promenade des jeunes filles. La carte est au service de l’image du lieu, elle est presque publicitaire, car les pensionnaires l’utilisaient pour correspondre avec leur famille.

Si ces cartes nous sont parvenues, c’est surtout car elles furent objet de collection pour la photographie reproduite. Cependant, la carte postale, c’est avant tout un mode de correspondance que les Français comme les Anglais jugeaient d’ailleurs totalement contraire à la discrétion avant de finalement l’adopter. En effet, les cartes peuvent être lues par tous. C’est donc ce que l’écomusée s’est permis. Mais ces cartes sont bien difficiles à déchiffrer puisqu’en général on écrit comme l’on parle et qu’en outre, la calligraphie est très mauvaise. Quant au contenu de ces correspondances, il concerne la vie courante, on se raconte, on demande des nouvelles, on fixe des rendez-vous, on se fâche…La carte est un mode de communication.

L’écomusée a enregistré la lecture d’une dizaine de correspondances pour en faciliter la compréhension. Ces écrits sont parfois drôles : le récit d’une scène de ménage ; tristes : la mort du fiancé ; recueillis : le courrier d’un futur prêtre ; succincts : l’appelé écrit à son copain ; émouvant : la petite bonne se plaint de son patron, etc.

Bons baisers du Véron, une exposition qui a eu lieu à l’écomusée du Véron jusqu’au 31 mai 2008.