André du Bouchet & Pierre Tal Coat au centre d'Art de Crest

« Connais-tu la Drôme ? Il faudrait que nous la parcourions. Peut-être un jour, illustrant du Bouchet, pourrons-nous en ses massifs, ses rocs, fôrets et eaux, trouver l’équivalence de ce écrit par lui. (…)
De beaux champs violet sombre tout contre le ciel, la terre basculant, vierge. La Drôme ! »
Pierre Tal Coat, Lettre à Françoise Simecek, 13.05.1972

Parmi les poètes du XXe siècle, André du Bouchet (1924-2001) est un inventeur, un créateur de formes comme le fut Stéphane Mallarmé au siècle précédent. Sur la page, entre ses mots, l’espace joue un rôle essentiel. Le blanc, l’air font respirer les poèmes et il faut parfois de grandes enjambées pour passer d’un fragment à l’autre.

André du Bouchet, avait rencontré Pierre Tal Coat en 1948, lorsque le peintre habitait Château Noir, dans les collines d’Aix-en-Provence. Jusqu’à la disparition de son ami, mais aussi jusqu’à sa propre disparition (jusqu’à ses tout derniers jours en avril 2001, à l’hôpital de Crest), il n’a cessé de s’interroger (et d’écrire) sur l’aventure singulière de « ce si grand peintre ».

Rappelons qu’André du Bouchet apposait ses pages (dactylographiées) aux murs de la pièce où il travaillait, à Paris ou à Truinas : il avait pour ainsi dire un atelier (ou plutôt deux). Et, à vrai dire, un vaste chantier. « Je suis peintre ! » disait-il en souriant à ses proches…

Dans son immense atelier de Dormont (non loin de Giverny), Pierre Tal Coat (1905-1985) cherchait à retrouver un accord organique entre la peinture et la nature, entre le matériau de sa peintre et le monde environnant : des centaines de tableaux vivaient là, en attente… tout comme des centaines de pages d’André du Bouchet attendait la rapidité d’un coup d’oeil, l’éclair d’une saisie jusqu’au « précipité » du poème.

L’exposition, à travers peintures, dessins, livres…, explore les liens entre le poète et le peintre.

Commissariat : Jean-Pascal Léger.