Architecture

Prise de conscience patrimoniale

La cité historique de Sarlat est un témoignage exceptionnel d’architecture. De l’occupation des moines bénédictins aux transformations des évêques du XIVe au XVIIIe siècle, des constructions nobles et bourgeoises au bâtit des habitants plus modeste, l’histoire de Sarlat a produit un panel d’architecture aux multiples facettes. La ville offre aujourd’hui cet héritage singulier grâce à une conservation chanceuse et des restaurations au fil des âges. L’architecture sarladaise est mixte, les styles sont divers - roman, gothique, Renaissance, baroque, classique, ou contemporain - et reflètent une évolution constante de la ville. Depuis la disparition de l’abbaye jusqu’aux rénovations du secteur sauvegardé, en passant par les mutations hygiénistes du XIXe siècle, les modifications du cœur historique n’ont jamais cessé, et font aujourd’hui toute sa richesse.
Émergence d'une conscience patrimoniale

La protection des monuments de Sarlat éclot au cours d’une tournée d’inspection de Prosper Mérimée dans le Périgord. Plusieurs sites périgourdins retiennent son attention et se voient inscrits sur la première liste des monuments à sauvegarder, en 1840. La cathédrale Saint-Sacerdos est ainsi le premier édifice sarladais à obtenir son classement. En 1862, la Lanterne des Morts fait son apparition sur la seconde liste des monuments classés. Ces deux édifices sont les premiers d’une longue liste…

Au tournant du XXe siècle, plusieurs monuments emblématiques, publics ou privés, sont classés et restaurés afin de connaitre une nouvelle fonction ou simplement une renaissance. C’est le cas de la maison de La Boétie, de l’ancien évêché ou encore de l’ancienne église Sainte-Marie transformée en hôtel des postes en 1905.

Bien que l’ensemble de la ville reste très délabré, quelques personnalités éclairées voient toute la richesse patrimoniale des vieilles bâtisses. Elles inspirent très tôt artistes et réalisateurs qui utilisent ce décor de prédilection pour les tournages, dont le premier sera Le Capitaine Fracasse d’Alberto Cavalcandi, en 1928. Sous l’impulsion de Lucien de Maleville, recenseur des monuments historiques et Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des monuments historiques, les années 40 connaissent une grande vague de protection. Autour de Giraudoux, des lettrés, hommes de l’art, dont Henry de Ségogne, conseiller d'État, et Jacques Boissarie, Président du syndicat d’initiatives depuis 1950, se préoccupent de préserver et valoriser la ville. C’est ainsi que nait notamment le Festival des Jeux du Théâtre en 1952. D’importants travaux de restauration débutent à cette période. Les fils électriques sont enterrés dès 1962 autour de l’ancienne place Royale : le décor pour le festival retrouve alors tout son sens. A la même époque, l’hôtel Plamon fait l’objet d’un colossal chantier expérimental qui durera plus de 15 ans.

Ces mêmes personnalités donnent naissance à la loi sur les secteurs sauvegardés, votée le 4 août 1962. Celle-ci donne une nouvelle dimension à la protection et à la mise en valeur du patrimoine en répondant à un double objectif, l’un patrimonial, l’autre urbain. En 1964, Sarlat devient l’un des premiers secteurs sauvegardés. Commence alors une véritable renaissance pour la cité qui se voit peu à peu métamorphosée. Non seulement le patrimoine est sauvé et mis en valeur en tenant compte de l’ensemble qu’il constitue, mais la vie économique et sociale est redynamisée par la création et la modernisation de logements, de boutiques, et des espaces publics. Grâce au contrôle des architectes des bâtiments de France qui se succèdent depuis 1964, appliquant les prescriptions du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur, la ville a connu une évolution et un développement remarquable. La commune de Sarlat-La Canéda possède aujourd’hui 72 monuments protégés dont 53 inscrits et 19 classés.