Glossaire

« Atrocités culturelles »
Terme employé par la propagande française pour désigner la destruction de biens culturels par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale, après l'incendie de la bibliothèque historique de l'Université de Louvain le 25 août 1914 et le bombardement de la cathédrale de Reims le 19 septembre suivant.

« Barbares »
Insulte destinée aux Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Le terme sert à les présenter comme des êtres insensibles au patrimoine et à la culture, ne respectant pas les termes de  la convention de La Haye qu’ils ont pourtant signée.

Centre de dépôt régional des œuvres menacées
Entre la fin de l'année 1916 et 1918, le musée des Beaux-arts de Valenciennes, éloigné du front, abrite plusieurs milliers d'œuvres provenant de collections publiques et privées de Lille, Douai, Cambrai, Laon et La Fère. Une partie d'entre elles est exposée lors de l'exposition Geborgene Kunstwerke aus dem besetzten Nordfrankreich.

Collection Wicar
En 1834, Jean-Baptiste Wicar, peintre lillois et élève de Jacques-Louis David, lègue à la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille près de 1300 dessins dont la majorité provient de l'école italienne. Aujourd'hui conservée au Palais des Beaux-arts, la collection Wicar, exceptionnelle par sa qualité, jouit d'une réputation internationale.

Convention de la Haye, 1907 (article 27)
L'article 27 stipule que les édifices servant à l'art et à la science ainsi que les monuments historiques doivent être épargnés, à condition qu'ils ne servent pas à des fins militaires et qu'ils soient repérables par un signe extérieur reconnaissable. En savoir plus

Course à la mer
Moment crucial de la Première guerre mondiale où les belligérants tentent de se contourner par le flanc nord suite à l'arrêt de l'offensive allemande dans la Marne à l'automne 1914. L'action conduit les soldats jusqu'à la mer du Nord. Dernière étape de la guerre de mouvement, la course à la mer marque le début de l'enlisement du conflit et inaugure la guerre de position.

Dépôt
Acte qui consiste à déposer à titre gracieux un bien dans une collection publique pour une durée limitée. Le dépôt peut être fait par un particulier ou par une autre institution publique.

Dommages de guerres
Préjudices matériels subis suite à une guerre par un État ou par ses ressortissants et pouvant donner lieu à des réparations. Après la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles contraint l'Allemagne vaincue à payer des indemnités de guerre massives s'élevant à 132 milliards de marks-or. 

Don
Bien donné par un particulier à une institution publique sans contrepartie financière.

Exposition d'œuvres d'art mutilées
Présentée à Paris, au Petit Palais, au printemps 1916, l'exposition est plus connue comme Exposition du vandalisme allemand. Elle rassemble des œuvres et des objets endommagés par le conflit dans une mise en scène destinée à en faire les « victimes » de la « barbarie » allemande.

Fedtgrau
Couleur gris-vert de l'uniforme de l'armée allemande pendant la Première Guerre mondiale.

Guerre de 1870
Guerre qui oppose la France aux États allemands coalisés sous l’égide de la Prusse du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871. Elle se solde par une défaite de la France qui cède l’Alsace-Lorraine à l’Empire allemand proclamé 18 janvier 1871 à Versailles. La Guerre de 1870 marque en France la fin du Second Empire et la naissance de la Troisième République.

Guerre des cultures
Construction idéologique qui cherche à démontrer la supériorité d'une culture sur celle d'un ennemi par différentes actions (articles, pamphlets, expositions, etc.). Pendant la Première Guerre mondiale, Français et Allemands cherchent à prouver leurs bonnes intentions vis à vis du patrimoine par des mesures de protection et d'évacuation qui pallient les destructions causées pour raisons militaires.

Kommandantur
(En français : état-major) Structure de commandement de l'armée allemande dans une ville conquise ou occupée lors des deux guerres mondiales. Par métonymie, Kommandantur renvoie aux locaux qui l'abritent.

Kunstschutz
(En français : protection de l’art) Service de protection du patrimoine créé par l'Armée allemande en Belgique occupée à l'automne 1914, puis dans le Nord-Est de la France en 1916. En France les buts du Kunstschutz sont ambigus : au projet de protection des collections artistiques s'ajoute une volonté officieuse de s'en saisir pour les utiliser comme « gages » à l'issue de la guerre.

Kunstoffiziere
(En français : officiers d’art) Placés sous l'autorité militaire allemande dans le cadre du Kunstschutz, les « commissaires d'art » ont la responsabilité de préserver les collections d'art publiques et privées des régions occupées. Leurs travaux revêtent un double objectif : sauver les œuvres en danger et s'approprier un territoire par l'inventorisation de son patrimoine.

Geborgene Kunstwerke aus dem besetzten Nordfrankreich
(En français : Œuvres d'art sauvées du Nord de la France occupée) nom donné à l'exposition qui ouvre au public à l'été 1918, au musée des Beaux-arts de Valenciennes. Elle regroupe plusieurs œuvres  provenant de différentes collections publiques et privées des régions de Lille, Douai, Cambrai, Laon et La Fère. L'exposition propose un parcours thématique dont l'un des points d'orgue est la salle consacrée à Rubens.

Lettres patentes
Dans le domaine des actes législatifs, les lettres patentes sont des textes par lesquels le roi rend public un droit, un état, un statut ou un privilège. Elles correspondent dans le droit français contemporain aux décrets pris en Conseil d'État.

Ligne de feu
Synonyme de front. Lieu où se déroulent les combats.

Ligne Hindenburg ou Siegfriedstellung
Système de défense et de fortification au Nord-Est de la France, conçu par les Allemands pendant l'hiver 1916-1917. La ligne, qui s'étend sur près de 160 kms de Lens à Soissons, est percée par les troupes alliées (Britanniques et Canadiens) en septembre 1918. La rupture de la Ligne Hindenburg marque le retrait des troupes allemandes et la fin de la guerre de position.

Maniérisme
Terme employé pour qualifier l’art, d'abord en Italie, puis dans le reste de l'Europe, entre le Sac de Rome (1527) et l'avènement des Carrache à la fin du XVIe siècle. S'inspirant des maîtres de la Renaissance (Léonard de Vinci, Raphaël et Michel-Ange), la peinture maniériste cultive les effets luxueux et virtuoses au détriment de la lisibilité du sujet.

Musée moderne de Bruxelles
Actuel musée royal des Beaux-Arts de Bruxelles, c’est l’un des lieux choisis pour accueillir les œuvres d’art évacuées du Nord de la France par le Kunstschutz.

Muséographie
Terme technique qui désigne l'organisation des espaces au sein d'un musée et la façon dont les œuvres sont exposées au public.

Ordre adressé par le grand Quartier Général allemand (quartier-maître général) à toutes les armées sur le front occidental et oriental
Cet ordre constitue probablement la première mesure concrète engagée par les autorités militaires en faveur de la conservation du patrimoine artistique dans les zones de guerre. Son objectif est d’attirer l’attention des commandants sur les oeuvres et objets d’art mobiliers abandonnés dans les nombreuses localités quittées par leurs propriétaires : « Des biens artistiques de plus ou moins grande valeur ainsi que des objets d’art décoratifs anciens ont été laissés par leurs propriétaires, en de nombreux endroits des territoires occupés. Il s’agit en premier lieu de biens appartenant aux églises : de récipients, d’appareils, de vêtements et de broderies, ainsi que de collections d’art nationales ou municipales, et d’objets appartenant à des propriétaires privés : orfèvrerie, en vieille porcelaine, bibliothèques de grande valeur, etc. « Il est hors de question de les sauvegarder en les rassemblant et en les renvoyant en Allemagne [...]. […] en principe, la mise à l’abri sur place est préférable. En premier lieu, il faut en charger les autorités locales et à défaut les habitants fiables ».

Plan secret de saisie d'œuvres
Projet de l’armée allemande qui envisage de récupérer les œuvres considérées comme saisies par les troupes napoléoniennes en Allemagne. Dépourvue de toute légitimité politique et juridique, ce projet est fortement contesté par les Affaires étrangères allemandes qui le considèrent comme un moyen supplémentaire de renforcer la propagande côté français.

Présentation mixte (ou méthode intégrée)
Principe muséographique apparu à la fin du XIXe siècle qui s'inscrit en rupture avec la présentation des œuvres par époque, par école et par médium. Initiée dans les musées d'État de Berlin, la présentation mixte consiste à installer les œuvres dans une ambiance qui rappelle le contexte de leur création en les mêlant à des objets et des pièces de mobilier.

Saisie révolutionnaire
Biens mobiliers et immobiliers confisqués à l'aristocratie et au clergé pendant la Révolution française afin de les mettre à la disposition du peuple ou faire profiter l'État du bénéfice de sa revente. En France, les saisies révolutionnaires forment le noyau de la plupart des musées publics.

Service des monuments historiques
Service créé en France en 1830, dont la mission est d'inventorier, de conserver et de restaurer les édifices qui appartiennent au patrimoine national.

Service français de protection et d'évacuation des œuvres d'art et des monuments de la zone des Armées
Créé au mois d'août 1917 et placé sous l'autorité du Ministère de la Guerre en novembre suivant, ce service prend la suite d'une commission interministérielle née en mai 1917. Il a pour fonction d'organiser l'évacuation des objets mobiliers précieux appartenant aux édifices publics, civils ou culturels les plus menacés par les zones de combat.