003.2.2

l. 23,7 ; H. 19,9

Au Verso b.d. ; A l’encre brune, le paraphe d’Alexis-Nicolas Pérignon (1785-1864), élève de Girodet et expert de la vente après décès de l’artiste.

Edités en français en 1788, les Poèmes attribués au barde celte, en réalité écrits au XVIIIème siècle par James Macpherson, constituent l’un des témoignages essentiels de la sensibilité romantique. Ce dessin interprète assez fidèlement l’extrait du chant II du poème La Guerre de Témor : « Crothar fut trois jours en fête avec Cathmain : le quatrième, ils troublèrent le repos des biches. Collama les suivit à la chasse (…). Elle rencontre Crothar dans un sentier : l’arc tombe de sa main ; elle tourne la tête et cache à moitié son beau visage dans ses cheveux (…) Crothar se sentit embrasé d’amours ». Ce dessin a appartenu à Alfred de Vigny, qui étudia un temps dans l’atelier de Girodet et entretint des relations amicales avec le peintre. Autrefois attribuée au poète, l’oeuvre à été rendue à Girodet pour la qualité et la sûreté du trait de la composition, supérieure à ce que l’on connaît des œuvres graphiques de Vigny. Ce dessin se distingue assez nettement des lavis de Girodet conservés au musée de Montargis notamment par le traitement du paysage : minutieusement décrite, la masse du feuillage de l’arbre qui couronne le haut de la composition rappelle plutôt la végétation du Sommeil d’Endymion.

Ce dessin autrefois attribué à Alfred de Vigny, à qui il a appartenu, a été rendu à Girodet pour la qualité et la sûreté du trait de la composition, supérieure à ce que l’on connaît des productions artistiques du poète. Vigny étudie un temps à l’atelier de Girodet, mais ses dons artistiques restent moins développés que ses dons poétiques. En revanche, une longue amitié unit les deux hommes et ce dessin en est un témoignage. le sujet est tiré des poésies d’Ossian pour lesquelles le peintre et son jeune ami poète ont un égal intérêt. Il illustre le chant II du poème La Guerre de Témora : Crothar fut trois jours en fête avec Cathmain : le quatrième, ils troublèrent le repos des biches. Collama les suivit à la chasse [...] Elle rencontre Crothar dans un sentier : l’arc tombe de sa main ; elle tourne la tête et cache à moitié son beau visage dans ses cheveux [...] Crothar se sentit embrasé d’amour. La présence des chiens, habituelle à une scène de chasse, illustre le récit : l’un est tourné vers Crothar, l’autre vers son compagnon Cathmain. Ces “dogues”, fidèles compagnons des guerriers d’Ossian, sont présents dans d’autres dessins d’illustration d’Ossian par Girodet et leur dessin est analogue à celui du Chien de Montargis (musée Girodet). L’attitude de la figure de Collama suit mot à mot les vers d’Ossian. Le sentiment de pudeur qui fait naître son geste séduisit particulièrement Girodet puisqu’il le reprit dans un autre dessin, lithographié sous le titre d’Astrée. La nudité de Crothar tient du récit héroïque et l’absence d’attributs guerriers (casque ailé, armure et bouclier), cont Girodet pourvoit ordinairement les combattants d’Ossian, indique sa qualité de chasseur. Le mouvement de la draperie qui l’enveloppe rappelle celui de la Scène de déluge et le soufle qui anime ce manteau emporte d’un même mouvement la robe et la chevelure de Collama : il nuit déjà les deux amants. le paysage à l’arrière plan, rocailleux et forestier, est conforme à ceux chantés tout au long du poème d’Ossian. Minutieusement décrité, la masse du feuillage de l’arbre qui couronne le haut de la composition rappelle cette autre rencontre amoureuse illustrée par Girodet dans son tableau Le Sommeil d’Endymion. C’est en effet un des rares passages d’Ossian où la guerre et la tristesse du deuil ne viennent pas troubler la félicité des amants mais, surtout, c’est un récit qui dans sa description s’approche beaucoup du mythe d’Endymion : la forêt et la nuit président à la naissance de l’amour.