981.9.1

L. 4.5 (coquille) cm ; H. 1 (coquille + pigment) cm ; l. 3 (coquille) cm ; D. 1.3 (pigment) cm

Fonction : cette coquille de peintre était probablement utilisée par des miniaturistes et peintres chargés d'enluminer et/ou de peindre les ouvrages ou les œuvres sculptées du duc de Berry. Ces derniers disposaient des couleurs dans les coquillages comme en témoignent certaines images issues des manuscrits. Cette activité de peinture devait être foisonnante et courante au sein de la résidence. Recherches : les études menées par Bernard Guineau et Robert Akrich ont démontré ce rôle de coquille à pigments. La poudre rosée, compactée au creux du bivalve a été analysée. Il s'agit en fait d'un rouge à base de sulfure de mercure (HgS), c'est-à-dire un rouge vermillon, mélangé à du blanc de craie. Par ailleurs, il a été également observé des micros traces de pigment bleu. Les analyses ont révélé un bleu d'azurite ; minéral composé du carbonate basique 2CuCO3Cu(OH)2. De part la position de ces grains, les chercheurs pensent que cette coquille a accueilli successivement plusieurs types de pigments : un bleu-vert avant le rose. La bibliothèque de la résidence de Mehun : précisons que des ouvrages étaient possiblement conservés dans une bibliothèque située au-dessus de la seconde entrée princière du château, dite chambre des évangélistes en raison de son décor sculpté ou peint. Cette pièce, à mi-chemin entre les appartements princiers et la tour maîtresse, pouvait être une chapelle basse (chapelle double à étage ; 1385-1396) ou la salle du trésor dans laquelle une partie de la bibliothèque était conservée. L'Hôtel de Bon Repos, construit entre 1408 et 1412, situé au sud du château, de l'autre côté des douves, devait également servir de bibliothèque. Il est probable que la salle des Évangélistes soit devenue trop petite au fil des années et qu'il fut nécessaire de construire un bâtiment plus grand pour abriter la bibliothèque ; c'est également ce que semble nous montrer le pléthorique inventaire des biens conservés au château qui s'en suivi à la mort du duc de Berry (Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 841)... Position de la découverte : le puits de la tour des Dames est situé sous un appendice (cabinet de travail -?) lié aux appartements ducaux et en bordure des cheminements possibles vers l'Hôtel de Bon Repos. Dans les niveaux de cette découvertes, d'autres éléments en lien avec l'écriture et les manuscrits (fermails, plaque de reliure) et des fragments ornés (peintures murales, remplages doré à la feuille d'or...) renvoient à un espace exceptionnel et richement décoré. Datation : mise au jour dans les niveaux correspondants aux premiers remblais de démolition, cette coquille a été rejetée entre le milieu du XVIe siècle (incendie total du monument) et 1793 (date des premières démolitions importantes). La période d'habitat le plus intense de la résidence correspond au règne de Charles VII ; avant, Jean de Berry passe pour l'un des grands mécènes des Valois, après lui, son fils, Charles de France, pour un prince lettré et amateur d'art. Cette coquille est datable du XVe siècle. Pour conclure : le château-résidence de Mehun a été représenté de nombreuses fois dans les manuscrits, tout au long du XVe siècle, principalement par l'atelier dit de Bourges dirigé par Jean Colombe puis ses fils. De cette école, on connait l'importance des roses (vêtements) et des bleus (fond montagneux bleuté), souvent rehaussés de guillochis dorés pour modeler les ombrés... Sans aucune preuve tangible, est-il toutefois permis de rêver un rapprochement entre cette découverte, extrêmement rare, et les pinceaux de cette école ?

La composition du congomérat et des pigments présents dans la coquille ont été étudiés par Bernard Guineau et Robert Akrick (Institut de recherches sur les archéomatériaux ; centre Ernest Babelon ; CNRS, Orléans ; en 1999.

981.9.2 ; 981.9.3 ; 981.9.5 ; 981.9.6