959.7.4

H. 59 cm, l. 46 cm

D.b.g : " Le 7 Floréal an 8 ". S.b.Dr : " André Tellot "

Ces deux études de têtes, de femme et de jeune fille, s'inscrivent dans une tradition iconographique particulière, différente du portrait. En effet, le cadrage resserré autour des visages, l'attention portée à l'expressivité, les traits stylisés et peu individualisés (bouche petite, nez délicat et retroussé, paupières marquées) rapprochent ces compositions des têtes d'expression dessinées par Charles Le Brun (1619-1690) au XVIIe siècle, inspirées par l'ouvrage de Descartes Les passions de l'âme (1649) et gravées à des fins de publication par Jean Audran en 1727 : les passions, ou émotions, résultent d'une interaction entre l'âme et le corps, que les traits du visage dans leur ensemble expriment ou trahissent. Cette observation physiologique ouvrit la voie à la physiognomonie, en vogue au XIXe siècle, "science" selon laquelle les caractéristiques physionomiques d'un individu renseignent sur son caractère, et théorisée par le théologien suisse Johann Kaspar Lavater dans L’Art de connaître les hommes par la physionomie (1775-1778). C'est donc certainement en artiste influencé par les problématiques de son époque sur la représentation humaine, qu'André Tellot réalise ces sanguines. La technique employée apparaît quant à elle en ce tout début de XIXe siècle, un peu archaïque : en effet l'utilisation de la sanguine (qui désigne initialement une famille de pigments de couleur rouge, déclinée en craies, pastels, crayons...), développée durant la Renaissance italienne et d'abord employée pour suggérer les ombres et les volumes dans la technique dite des "trois crayons" (alliance de sanguine, pierre noire et craie blanche), connaît son apogée à travers la réalisation de dessins complets au cours du XVIIIe siècle et jouit notamment d'une faveur particulière auprès de Watteau et Boucher. Tellot demeure ainsi attaché à une technique offrant la restitution de nuances expressives d'une grande finesse, mais dont le déclin s'amorce alors nettement. Nathalie Pineau-Farge.

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