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Au musée des Beaux-Arts d'Orléans

Moïse exposé par sa mère dans le Nil, Henry de Triqueti, salon de 1857, Bas-relief en marbre, conservé au musée des Beaux-Arts d’Orléans ; © Musée des Beaux-arts d?Orléans/Pierre Lauginie
Moïse exposé par sa mère dans le Nil, Henry de Triqueti, salon de 1857, Bas-relief en marbre, conservé au musée des Beaux-Arts d’Orléans
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© Musée des Beaux-arts d?Orléans/Pierre Lauginie

L'oeuvre : Moïse exposé par sa mère dans le Nil


Henry de Triqueti, salon de 1857, bas-relief en marbre, 66 x 68,5 x 14 cm, musée des Beaux-Arts d’Orléans (inv. 1896)

Henry de Triqueti est sans conteste l’un des grands noms de la sculpture romantique. Parmi ses commandes les plus importantes, on compte les portes en bronze de l’église de la Madeleine à Paris, le cénotaphe du prince Ferdinand-Philippe d’Orléans à l’église Notre-Dame-de-Compassion à Paris et la décoration murale de la chapelle du prince Albert au château de Windsor. Cette sculpture, un médaillon de marbre blanc, illustre l’abandon de Moïse par sa mère Jocabed pour sa survie. En effet, suite à l’ordre du Pharaon d’exécuter tous les nouveau-nés mâles hébreux, Jocabed dépose son fils sur le Nil. Par une heureuse et étrange coïncidence, la fille du Pharaon trouve l’enfant lors de sa baignade et l’adopte. Adulte, Moïse sauve son peuple et le libère de la domination égyptienne.

La Classe : classe de 1ère, section arts (Lycée Voltaire, Orléans)


Notice rédigée par Aurore Plotu et Aline Sizaret

L’œuvre soumise à notre étude, Moïse exposé par sa mère dans le Nil, est une sculpture de l’artiste Henry de Triqueti, exposée au Salon de 1857.


Henry de Triqueti est un sculpteur français, né en 1803 dans le Loiret, à Conflans-sur-Loing. Il est l’héritier du baron Michel de Triqueti, ancien consul de Sardaigne à Amsterdam, ce qui lui assure une aisance financière. De formation classique, il est l’élève du peintre Louis Hersent, ce qui lui permet d’acquérir des connaissances essentielles. Mais il est sans conteste l’un des grands noms de la sculpture romantique. Nous pouvons citer parmi les commandes les plus importantes, les portes en bronze de l’église de la Madeleine à Paris, le cénotaphe du prince Ferdinand-Philippe d’Orléans, à l’église Notre-Dame-de-Compassion à Paris. Mais la commande, sur laquelle le sculpteur travaille les 10 années précédant sa mort est la décoration murale de la chapelle du prince Albert au château de Windsor. Cette œuvre est exécutée à la demande de la Reine Victoria. Mais il est également connu comme collectionneur. Il gère l’héritage de son épouse Emilie Forster, petite fille du sculpteur britannique Thomas Banks. A la mort de Triqueti en 1874 à Paris, son gendre l’Américain Lee-Childe fait un don de sculptures et de plus de 3 000 dessins provenant de la collection familiale. L’œuvre Moïse exposé par sa mère dans le Nil, en fait partie.


Moïse est l’un des personnages bibliques fondamentaux. Il serait à l’origine de la fondation du judaïsme. C’est un prophète. Cette sculpture illustre l’abandon de Moïse par sa mère Jocabed pour sa survie. En effet, suite à l’ordre du Pharaon d’exécuter tous les nouveau-nés mâles hébreux, Jocabed dépose son fils sur le Nil. Par une heureuse et étrange coïncidence, la fille du Pharaon trouve l’enfant lors de sa baignade et l’adopte pour le protéger, soupçonnant ses origines. Adulte, Moïse sauve son peuple et le libère de la domination égyptienne après de nombreuse péripéties et interventions divines.


Cette sculpture est un médaillon de marbre blanc. La forme, peu commune, est une référence directe à la Renaissance italienne et se nomme un « tondo ». L’œuvre allie avec intelligence le bas-relief, mais aussi le haut-relief avec la figure de la femme. Le visage en haut-relief attire directement le regard du visiteur. Son inclinaison et celle du regard de Jocabed focalise celui du spectateur vers l’élément le plus important : l’enfant. Les personnages sont également centrés et contribuent à cet effet.


L’arrière-plan est délaissé. Le détail de la multitude des roseaux crée une série de lignes verticales. Seule la présence d’une sauterelle vient perturber ces lignes. Jocabed, étonnamment, est représentée avec une forte influence gréco-romaine malgré ses origines israélites. Son visage correspond à un idéal (nez droit, traits du visage anguleux) qui est récurrent dans de nombreuses œuvres. Sa chevelure est tressée et sa tenue est un drapé, faisant référence à la civilisation gréco-latine. Sa chevelure de nattes fait écho au panier en joncs. La représentation de Jocabed est sûrement issue des reliquats de la formation classique de l’artiste. Moïse, dans les bras de sa mère, est alangui et repose dans un berceau de fortune. Il tient à la main une fleur soit de lotus, soit de nénuphar en bouton. Malgré son jeune âge qui est indiqué dans la Bible (3 mois), l’enfant est étonnamment grand et ressemble plus à un «putto». Sa position en contrapposto ainsi que les courbes produites sont en accord avec le cadre rond et rappelle entre autre l’eau malgré son absence.


Outre la référence au texte sacré, Triqueti donne une symbolique à certains éléments et évoque des événements à venir. La présence de la sauterelle n’est pas anodine. Dans la Bible, lors des dix plaies d’Égypte, la 8e plaie correspond aux sauterelles dévorant la végétation. Peut-être l’artiste anticipe l’avenir ou crée une complicité avec le spectateur qui a connaissance de l’histoire du prophète. La sauterelle est l’image du fléau, de la pullulation dévastatrice. Elle représente aussi bien une calamité d’ordre physique (Ancien Testament) que le supplice d’ordre moral et spirituel comme l’abandon d’un nourrisson par sa mère. La fleur que tient Moïse soulève plusieurs suppositions. Le nénuphar en Égypte, fait référence aux nymphéas qui concrétisaient la naissance du monde à partir de l’humide. Ainsi donc cela pourrait sous-entendre que cet abandon est le début d’une nouvelle ère d’espérance pour les Hébreux. L’enfant sauvé est un envoyé de Dieu. Alors que le bouton de lotus laisse imaginer un épanouissement spirituel à venir (c’est la réalisation des possibilités contenues dans le germe initial, celle des possibilités de l’être), car le cœur est aussi un lotus clos. Le berceau, par sa forme est une embarcation et représente la protection maternelle que Jocabed porte à son fils.