Avant le XIX^e siècle, les monuments édifiés en souvenir d’une guerre commémorent le plus souvent les victoires militaires et ne présentent que rarement les noms des soldats décédés. L’Arc de Triomphe, édifié sur la place de l’Étoile à Paris, à partir de 1806, ne porte que les noms des officiers supérieurs, décédés et encore vivants lors de sa construction. C’est véritablement suite à la guerre de 1870, opposant la France à la Prusse, que sont érigés les premiers monuments dédiés aux soldats morts pour la patrie, comme la sculpture de Jean Baffier, L’homme de pays que l’on retrouve dans le frontispice de la revue Le Réveil de la Gaule (musées de Bourges). La commémoration prend alors un accent nationaliste que l’on retrouve également dans la sculpture de Jean-Alfred Halou, Monument à la France, l’Alsace et la Lorraine, conservée au château de Blois, rappelant les territoires perdus lors de la guerre de 1870.

Cependant, le traumatisme causé par la Grande Guerre provoque un mouvement de prise de conscience nationale qui, au lendemain du conflit, voit s’épanouir partout en France les monuments aux morts rappelant ainsi le terrible sacrifice. Il faut dire que 1,4 millions de soldats français sont décédés entre 1914 et 1918. Chaque commune fait alors construire un monument pour rendre hommage à ses habitants disparus, avec le soutien financier de l’État ou par souscription. Sur la plupart de ces monuments seront rajoutés par la suite les noms des morts de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre d’Indochine et de celle d’Algérie. Les musées de la région Centre conservent dans leur collection de nombreux projets et prototypes de tels monuments.