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Expositions virtuelles des Musées de la Région Centre

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L'Orient au musée de DREUX

 

Les rêves d’Orient du XIXe siècle sont le fruit d’une longue évolution du goût qui s’amorce dès le Moyen-Âge. Les charmes de Byzance et des pays musulmans n’avaient pas échappé aux Croisés qui avaient ramené au pays de nombreuses innovations artistiques, scientifiques et culinaires.


Les XVIIe puis surtout le XVIIIe siècle jette les bases du futur mouvement orientaliste : la visite en France de l’ambassade de Turquie en 1720 aura une influence majeure dans les arts plastiques (Liotard, Van Loo, Fragonard), la littérature et le théâtre où les turqueries dépeignent une civilisation opulente, parfois cruelle, mais sage et magnanime (Zaïre de Voltaire, les Lettres Persanes de Montesquieu, Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, La Caravane du Caire de Grétry, La Belle Esclave de Philidor etc.).


Mais l’engouement pour l’Orient au XIXe et au début du XXe siècle et le mouvement orientaliste méditerranéen tel que nous l’entendons aujourd’hui trouvent leur principale origine dans l’expédition d’Égypte, entre 1798 et 1801. Sous le commandement de Bonaparte, cette campagne militaire se double d’un projet scientifique placé sous l’égide de personnalités éminentes comme Redouté, Denon ou Monge. L’impact culturel de cette expédition, considérable, ouvre la voie au courant orientaliste, qui connaît son âge d’or pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, quand les arts plastiques dialoguent avec la littérature (Gautier, Hugo, Châteaubriand) et dans laquelle prend place Auguste-Loiseleur des Longchamps (1805-1840), indianiste et fils du botaniste drouais. Le roman de Pierre Loti Aziyadé constitue un véritable emblème du genre. Ayant pour cadre Salonique (sous domination ottomane) puis Istanbul, le style et les ambiances qu’il déploie semblent s’incarner dans l’oeuvre du peintre Félix Ziem.


Les artistes ne puisent pas leur inspiration seulement dans l’Orient qui leur est contemporain. L’Antiquité leur sert aussi de modèle, comme Rochegrosse avec Salammbô ; ils n’hésitent pas, - à l’instar de leur travail sur certaines scènes bibliques -, à la transposer totalement ou partiellement dans la veine orientaliste.

La conquête de l’Algérie par Louis-Philippe à partir de 1830 fait de ces terres nouvelles l’Orient des artistes français. Nombre d’entre eux, après Géricault ou Delacroix, se rendent en Algérie, où certains s’installent durablement ou définitivement (Rochegrosse), et vont jusqu’à la conversion à l’Islam (Dinet).


La sensibilité évolue au fil des décennies : si les artistes romantiques idéalisaient les mirages sensuels et les moeurs mystérieuses d’un Orient précieux et raffiné, les artistes post-romantiques se réfèrent davantage au vécu: leur manière se fait plus réaliste, voire naturaliste, sans cependant se départir de cet exotisme lyrique propre au mouvement.


La fondation de la villa Abd-el-Tif, institution destinée à accueillir des artistes, est créée à Alger en 1907 par Léonce Bénédite, conservateur du Musée du Luxembourg et Charles Jonnart, gouverneur de l’Algérie. Véritable consécration, elle stimule de façon décisive la création orientaliste (déjà structurée depuis 1893 par la Société des peintres orientalistes français), soutenue par de grands collectionneurs et mécènes avisés installés en Algérie, comme Frédéric Lung dont la collection est restée célèbre.

Salammbô et les colombes (957.003.001)
Salammbô et les colombes (957.003.001) | Salammbô et les colombes (957.003.001)
Cavaliers berbères de l’Atlas ; vers, 1925 (972.006.012)
Cavaliers berbères de l’Atlas ; vers, 1925 (972.006.012) | Cavaliers berbères de l’Atlas ; vers, 1925 (972.006.012)