Du Moyen Âge à nos jours, la présence de vagabonds constitue, de siècle en siècle, une constante perturbante de l’histoire. Ce peuple d’exclus, généré par les bouleversements sociaux (famine, épidémie, guerre, chômage) et poussé vers les villes ou les campagnes, selon les époques, a toujours inquiété les populations sédentaires. Recouvrant, aux yeux des pouvoirs en place, des réalités bien différentes, ces indigents n’ont cessé de provoquer des réactions paradoxales : la compassion qui permettait jadis aux riches de gagner le salut par la vertu de la charité et la peur provoquant l’hostilité haineuse et brutale.

Au fil des siècles, le vagabond offre un petit air de musique en échange de quelques pièces pour survivre. C’est également lui qui colporte les nouvelles d’un lieu à l’autre. Le dénuement des familles nombreuses amène certains enfants à quitter leur foyer et à partir sur les routes de France pour ramoner les cheminées (tradition des petits ramoneurs savoyards) et pour mendier dans les villes et les villages en jouant de la musique. Le tableau d’Aglaé de Ladicière figure un jeune savoyard jouant de la vielle pour une famille berrichonne.

Parmi les musiciens ambulants, il ne faut pas oublier l’homme-orchestre. Il porte un chapeau chinois sur la tête, une flûte de pan sous les lèvres, des sonnettes aux chevilles, des cymbales aux genoux, une grosse caisse sur le ventre et un triangle. Ces musiciens sont souvent d’anciens soldats ou ouvriers mutilés qui, en raison de blessures ou d’infirmités les privant de travail, tentent de gagner leur vie par ce pénible moyen.