Musée Municipal de Vierzon
La Compagnie Nationale de Porcelaine : une manufacture vierzonnaise
La ville de Vierzon a vu sa notoriété s'élever en même temps que les industries se sont développées sur son territoire. Elle comptait au début du XXe siècle près de 14 manufactures de porcelaine où travaillaient environ 1500 ouvriers.
L’essor industriel de Vierzon a été rendu possible par son environnement naturel favorable (bois, argile) et par le développement des transports ferroviaires (1847) et fluviaux qui permettent l'approvisionnement rapide en matières premières (charbon) mais aussi l'exportation des produits manufacturés.
La manufacture Taillemite fût fondée en 1875 par François-Xavier Darmet (1843-1911) un vierzonnais qui fût aussi, successivement maire de Vierzon-Village et membre du Conseil Général du Cher.
La manufacture fabriquait essentiellement de la porcelaine destinée à l'hôtellerie et des services de table de moyenne gamme. À la mort de Darmet, la manufacture est rachetée par un autre berrichon, Lucien Taillemite (1880-1937) qui continue la production pendant la première guerre mondiale. Cest surtout son fils Roger (1909-1981) qui la transforme en une des plus importantes manufactures porcelainières de France. Il n'aura de cesse, pendant près de cinquante ans de moderniser et de faciliter le travail de ces ouvriers.
Roger Taillemite avait poursuivi une politique de diversification. Tout en continuant de servir l'hôtellerie qui représente la moitié de son chiffre d'affaires, il crée de nouveaux décors dont un ensemble « Chasse » qui eut un grand succès.
Il est également président de la Chambre syndicale des fabricants de porcelaine du Berry et vice-président du Syndicat national de la porcelaine française.
Treize unités de production s'éteignent à Vierzon entre 1952 et 1970. Pour faire face à la concurrence un regroupement s'organise autour des Établissements Taillemite, en partenariat avec l'usine de Saint-Genou (Indre) et la manufacture Jacquin à Vierzon : la Compagnie Nationale de Porcelaine est née (CNP).
Une nouvelle fusion est réalisée en 1969 avec l'Union Limousine, fabrique de services de table haut de gamme à Saint-Léonard-de-Noblat. L'usine étant en Haute-Vienne, sa production a le droit d’être estampillée « Limoges » et sa bonne rentabilité apporte une bouffée d'oxygène à la CNP.
Cependant les années suivantes marquent le déclin de la CNP, accéléré par des partenariats instables avec les États-Unis (choc pétrolier) par exemple. La CNP dépose le bilan en 1983. Elle est reprise par Jean-Pierre Leman directeur de la filiale de Saint-Genou qui prend en main la création et Daniel Cohen de Lara, ingénieur conseil, qui s'occupe des finances et du commercial. Ils modifient profondément la structure de la manufacture : modernisation des techniques et diminution du personnel (de 550 ouvriers on passe à 240). Malgré tout cela l'espoir de constituer en Berry un grand groupe international s'éloigne. Ensuite, Vierzon ne fait plus que décorer la porcelaine blanche de Saint-Genou et cet atelier de décor stoppe sa production en janvier 1997, sonnant le glas de la porcelaine vierzonnaise.
D'après Deux siècles de porcelaine en Berry : Poitou et Bourbonnais de Michel BLOIT