logo
La Châtre (36)

Musée George Sand et de la vallée noire

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Musée George Sand et de la vallée noire
Voir le plan du parcours

L'écrivain des origines

L’Augusta
L’Augusta

Si l’on situe dans une catégorie à part l’album d’art et d’histoire que fut Masques et Bouffons, paru en 1859, c’est en 1862 qu’apparaît en librairie, pour la première fois, un récit signé Maurice Sand. Journal de son voyage en Amérique avec le Prince Jérôme Napoléon, le texte de Six mille lieues à toute vapeur a été préfacé par George Sand qui l’a lourdement révisé, politiquement censuré pour plaire au Prince son ami, et qui s’est ouverte de ses interventions à beaucoup de correspondants en laissant entendre que l’aventure serait sans lendemain.

Entre le récit de 1862 et 1874, Maurice Sand a proposé et publié pas moins de huit ouvrages de fiction. Ce seront Callirhoé (1864), Raoul de La Chastre (1865), Le coq aux cheveux d’or (1867),  Miss Mary (1868), Mademoiselle Azote (1870), André Bauvray (1870), L’Augusta (1872), Mademoiselle de Cérignan (1874). Suivra, après la mort de George Sand et les importants travaux qu’il consacre à l’édition de sa Correspondance, le roman La fille du singe (1886) et un imposant inédit intitulé Palabran dont la rédaction semble avoir été entreprise en 1883. De son vivant, George Sand a certes révisé ces textes et en a assuré la promotion, tâche qui répugnait profondément à son fils. Mais les manuscrits et la correspondance disent que son rôle fut analogue à celui des éditeurs d’aujourd’hui, qui fournissent révision et suggestions, et assument la publicité. Rien de plus, rien de moins.

Les lieux de l’action sont exotiques, étrangers, ou inventés mais les deux ultimes ouvrages signés par Maurice Sand se déroulent dans le quartier parisien qu’il habite – Auteuil et Passy pour La fille du singe – ou dans l’ère qui lui est contemporaine, celle de la ruée vers l’or en Amérique ou de la fin du Second empire en Europe pour Palabran. Bifurcation qui ne change rien à sa manière : les archives et la correspondance témoignent de recherches historiques et scientifiques constantes qui alimentent la fidélité des descriptions, quitte à négliger la psychologie des personnages, souvent caricaturaux.

Cette écriture, qui ne cultive pas les effets de style malgré sa correction générale, ne le rattache à aucune école, ni à celle du romantisme qui amorce un déclin, ni au réalisme ou à la décadence de fin de siècle. Maurice Sand, en littérature, est encore ici un créateur de son temps sans en être vraiment. Ses éditeurs, les Lévy, Buloz, Lacroix, Ollendorf, sont les plus actifs et connus de son siècle, son milieu lui permet de les connaître et de les fréquenter, mais il n’obéit qu’à son propre entendement lorsqu’il se met au travail. La critique littéraire l’accueillera assez gentiment, mais rarement, et le laissera à son monde.

Lise Bissonnette