Figurer les voiliers
Paul César Helleu
“Voiliers ; Brume”
vers 1902
huile sur toile
inv. 2010.1.45
Quand il est en villégiature, Helleu ne cesse de peindre les bateaux. Son engouement est tel que ce motif occupe à la fois l’endroit et l’envers de cette toile. Les navires se détachent sur un fond bleu ou mauve, où mer et ciel se confondent. Tendues d’un côté, les voiles sont pliées de l’autre, comme si Helleu avait souhaité peindre les yachts sous toutes les coutures. C’est ce que suggère aussi leur dédoublement : représentés de face et de profil, tel qu’Helleu a coutume de le faire dans ses portraits féminins, les bateaux deviennent, à leur tour, de véritables modèles.
Paradoxalement passionné par la peinture et éternellement insatisfait de ses toiles, Helleu ne les destine pas à la vente, d’autant plus que sa carrière de portraitiste graveur se confirme dès la fin des années 1890. Dans une lettre adressée en 1926 à son ami Blanche, il semble pourtant se raviser sur la qualité de sa peinture : “vous verrez que j’ai fait tout de même de la pas mauvaise couleur. […] on le saura plus tard.” Quand il se décide enfin à exposer ses peintures à Londres en 1927, la mort l’emporte soudainement. Il ne pourra jamais assister à cet événement, organisé un an après son décès.