De tout temps, le costume a été l’attribut essentiel du comédien. L’entrée dans un rôle, une époque, une histoire passe obligatoirement, dans notre imaginaire, par ce moment où le comédien se grime, se transforme. Pourtant, jusqu’à la fin du XVIII^esiècle, aucun souci de véracité historique n’est recherché par les grands théâtres parisiens : les acteurs paraissent vêtus à la dernière mode, quelle que soit l’époque de la pièce, et les commentaires jugent autant la qualité du jeu que la somptuosité de la toilette. Ce n’est qu’à partir de la Révolution que la tendance s’inverse. La garde-robe des comédiens s’emplit alors de costumes de paysans, de femmes du peuple, et se diversifie en fonction de l’époque de l’intrigue.

En province, la grande variété du répertoire des théâtres démontables suppose une garde-robe importante, avec des costumes de toutes les époques et de tous les milieux sociaux, permettant d’incarner des centaines de personnages.

Une caravane spécifique, la « costumière », est dédiée au transport des costumes. Celle du Théâtre FARRANTI abrite ainsi dans les années 1950 plus de 400 costumes, sans compter les chapeaux, les chaussures et autres accessoires. Les costumes font partie de l’héritage familial, on se les transmet précieusement de génération en génération. Pour compléter la garde-robe, on achète par ailleurs d’anciens uniformes ou des lots de costumes à des théâtres en faillite. Dans certaines troupes, les comédiennes sont également costumières ou font appel aux couturières du village dans lequel leur théâtre s’est installé.

Il est fréquent qu’un même costume serve dans plusieurs pièces. Ainsi, on retrouvera par exemple les robes de style Empire de Madame la Maréchale dans les principaux mélodrames de DENNERY, qui se déroulent pourtant sous le règne de Louis XV. Néanmoins, les costumes sont à chaque fois astucieusement retouchés et accessoirisés, de sorte que les spectateurs n’y voient que du feu.