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Saint-Marcel (36)

Musée archéologique d'Argentomagus - Saint-Marcel (36)

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Musée archéologique d'Argentomagus - Saint-Marcel (36)

Une ville gallo-romaine

La ville gallo-romaine d'Argentomagus est mentionnée dans deux documents antiques : l'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger. Le site urbain, peu à peu abandonné au cours du IVe siècle après J.-C., est, depuis lors, très largement demeuré vierge de constructions. De temps immémorial, récupérations de matériaux et trouvailles archéologiques ont entretenu la mémoire des habitants de Saint-Marcel.

Aussi, l'abondance de vestiges sur le site d'Argentomagus est-elle remarquée dès le XVIe siècle par des historiens à l'instar de Nicolas de NICOLAÏ ou de Jean CHAUMEAU (avocat à
Bourges) qui, dans son Histoire de Berry (1566), rapporte :

« Anciennement, et même au temps de Jules César la ville d'Argenton était où à présent sont certains grands mas de vignes appelés le Palais, les murs saints et le Virou1, distants de la ville d'Argenton (qui est à présent) de deux traits d'arc ou environ, et était de grande étendue et circuit, comme on peut voir encore pour le jourd'hui, par le pied et fondement d'icelle, et des grosses tours, triples murailles et autres forteresses à présent ruinées. Dans iceux mas on trouve encore belles et grandes caves et fondements de maisons, et autres bâtiments anciens faits de si bonne matière et composition qu'il est bien difficile à les démolir et arracher. On y voit encore les ruines de plusieurs fontaines artificielles belles et somptueuses, dont les canaux et conduits sont de marbre : même y a des étuves faites d'albâtre, avec grands piliers faits en forme de colonne et plusieurs effigies et statues de lions bien et excellemment taillées après le naturel dont aucuns tiennent entre les griffes, des têtes de moutons. En un autre mas de vigne, nommé le clos de saint Anastase2, près et quasi joignant le circuit des murs ruinés de l'ancienne ville, se sont trouvés depuis deux ans en ça deux monuments fort grands et magnifiques, l'un d'iceux homme, et l'autre de femme, et n'est année que le dit mas de vigne et autres circumvoisins ne se trouvent quelques pièces et médailles d'or ou d'argent, et signamment de cuivre et autres métaux : dont les unes sont du temps des consuls et dictateurs de Rome LVS M. VOLTERIVS L. HOSTILLIVS M. CATO. PROC. P. C. Les autres sont du temps des Empereurs à l'entour desquelles ont peut encore lire : IVL. CESAR. CLAV. NERO. VIVIT AVGVSTVS. DOMITIANVS IMP. GERM. DIVO TRAIANO ANTHONINVS, PHILLIPVS, AVGVSTVS. CONCORDIAE. Les unes sont les effigies des consuls, les autres celles des Empereurs et les autres la figure d'un taureau telle qu'on la voit en la tour d'Eracle, dont avons ci devant parlé. En une partie du circuit de la dite ville ancienne est à présent édifiée et bâtie la ville de Saint-Marcel, petite ville en laquelle y a une fort belle église. En l'autre partie du dit circuit, joignant ladite rivière de Creuse, est construite et bâtie l'église paroissiale de la ville et faubourgs d'Argenton, qui est appelée saint Etienne, distant d'un trait d'arc de la dite ville. Auquel endroit on peut encore voir à présent deux belles et fortes piles de pierre de taille, et l'apparence des autres où voulaient être les ponts de la dite ville ancienne, à l'issue desquels, du côté du château y a un chemin taillé par grand labeur et artifice en un roc si dur qu'on ne se peut assez s’émerveiller de l'ouvrage et était lors ce chemin le passage pour aller de Paris en Gascogne3. Toutes ces antiquités font assez apparaître qu'elle était la grandeur et magnificence de la dite ville ancienne en laquelle les Romains avaient anciennement lieutenants, prévôts ou gouverneurs entre lesquels nous lisons par histoire, un nommé Héracle, avoir été prévôt ou Gouverneur au temps de l'Empereur Decius sous lequel furent livrés au martyre Marcel jeune enfant et Anastase Romains, pour confession du nom de Jésus Christ ».

Ce qui apparaît aujourd'hui, à la lumière des fouilles scientifiques conduites sur le site, comme une petite ville gallo-romaine d'environ 3 à 4 000 habitants, était souvent décrite, au XIXe et au début du XXe siècles, comme une ville considérable de plusieurs dizaines de milliers d'habitants, tant les découvertes fortuites donnaient l'impression d'une opulente cité. Ainsi la lettre qu'adressa en 1864 Nicolas LENSEIGNE, conducteur principal des Ponts et Chaussées à Argenton, à Sa Majesté l'Empereur Napoléon III énumère-t-elle les richesses d'Argentomagus :

« une forteresse inexpugnable où les légions romaines étaient en sûreté - un pont sur la Creuse, qui a dû être un beau pont en pierre de taille - un cirque - un amphithéâtre - des Palais - des thermes - un forum - des aqueducs - des fontaines - des maisons somptueuses - des pièces de monnaies à l'effigie des consuls et des empereurs romains. Que l'on fouille le sol de 0 m 40 à 1 mètre de profondeur et l'on est sûr de retrouver l'emplacement des maisons et des rues de l'ancienne ville des Césars ».